Livre d'artiste /
album de coloriage à thèmes (le monde, le corps, la virilité, le rêve, les grandes figures féminines de l'art, les objets, la maison).
Conçu initialement dans les années 1960 et réactualisé spécialement pour le Cneai par Jef Geys, cet album à colorier est composé de huit doubles pages mettant en vis-à-vis une planche « coloriée » par l'artiste et une planche vierge. Jef Geys explore au travers de sept planches thématiques (le monde, le corps, le rêve, les grandes figures féminines de l'art, les objets, la maison) le lien entre le caractère évident de la vie et les normes sociales qui conditionnent notre quotidien.
Jef Geys (1934-2018) est un artiste conceptuel flamand. Son œuvre à dimension autobiographique et sociale opère une jonction constante entre culture et trivialité. Privilégiant le « monde comme support », Jef Geys a multiplié les expériences : travailler avec les comités de quartier, participer à l'activité d'un cabaret, exposer la pornographie, diriger un parti, participer aux grèves de Balen, travailler sur le langage populaire, mélanger les notions d'art mineur et d'art majeur… Autant d'expériences qui visent aussi à inscrire dans une puissance du quotidien ce que l'institution, le sens commun et le pouvoir ont tendance à marginaliser.
Après une « carrière ratée dans l'armée » et une formation en publicité à l'Académie Royale des Beaux-Arts d'Anvers, Geys a été professeur d'« Esthétique Positive » de 1962 à 1989, à l'école secondaire publique de Balen. L'enseignement, la transmission de connaissances, l'émancipation et la réalisation de soi sont des problématiques importantes dans sa pratique et pour celles et ceux de la génération de la « contestation ». Entre la fin des années 1950 et 2018, il participe à une série de bouleversements en art, illustrés par une attitude d'amateur ou de dilettante, ou encore par un travail dépersonnalisé, qui vont à l'encontre de la subjectivité et de la spontanéité des générations précédentes. Par la répétition et la sérialité des multiples, il écarte la notion de l'œuvre unique et originale, et met en place des réseaux et collaborations pour soutenir l'influence culturelle et l'échange mutuel entre différentes modernités. Résolument ancré dans sa région, la Campine et Balen (depuis 1971, l'artiste éditait le journal Kempens Informatieblad, publication à valeur documentaire accompagnant chacune de ses expositions), il s'est tracé une trajectoire originale et souvent en porte-à-faux, allant de la fondation d'une « Centrale culturelle » – une organisation qui fournit des œuvres d'art à la demande, déconstruisant ainsi les stéréotypes de l'art populaire ou de la standardisation – à la reconnaissance internationale aux Biennales de São Paulo et de Venise, à la documenta 11 ou à Skulpturprojekte Münster 97.