Une série de courtes interventions sonores, à deux, dans des espaces publiques parisiens, en extérieur (passages, places, esplanades, parc) comme en intérieur (pont, tunnel), du bois de Vincennes à la Défense, entre mai et octobre 2025.
« Découvrir sensoriellement un lieu que je ne connaissais pas en me déplaçant un peu (ou même seulement en tournant le corps) me préparait à une écoute de l'environnement dans lequel je me trouvais. Dans cette situation, commencer à produire un son de manière quasi inconsciente, sans réfléchir à la qualité ou à l'articulation, me permet d'entrer dans une activité dynamique et globale qui soulève des questions impossibles à répondre, telles que : pourquoi faire du son ? Comment écouter, au sens large, ressentir et observer tout ce qui se passe autour de moi et en moi ? À quel moment dois-je commencer et suspendre le son ? Ce que je fais est-il plus musical ou sonore ? Mais, dans la réalité, je n'ai pas de temps pour y réfléchir. À ce moment-là, mon choix est de garder mon autonomie sans être trop influencé par le son et l'ambiance que je reçois. Je fais attention de ne pas entrer dans un rapport type "action-réaction" ou "accord symbiotique" avec l'environnement. Peut-être je joue un rôle de témoin, mais j'essaie d'improviser en donnant une présence sonore minimum. Parfois, je ressens comme si j'étais une partie de l'ensemble que je reçois. Pourtant les sons environnementaux ne peuvent pas s'exprimer comme les êtres humains ou bien les êtres humains n'arrêtent pas de s'exprimer de diverses manières dans le monde (on arrive ainsi à un sujet déjà classique de "cohabitation" ou de "symbiose"). Là, il y a une chose qui m'intéresse : jouer avec des choses qui existent en dehors de moi, des choses qui n'agissent jamais comme les êtres humains, des choses qui ont un caractère sonore brut mais qui sonnent, pour moi, discrètes parce que ce n'est que le son tout court. En tant qu'animiste, j'interprète ce caractère comme une posture silencieuse, non langagière. »
Seijiro Murayama
Edition limitée à 150 exemplaires.
Depuis le milieu des années 1990, à l'écoute de l'environnement, Éric La Casa (né en 1968 à Tours, vit et travaille à Paris) interroge la perception du réel et élargit la question du musical aujourd'hui. Par son approche esthétique de la prise de son, son travail s'inscrit tout autant dans les champs de l'art sonore que de la musique. Conséquences de ses processus in-situ d'écoute, il crée des formes (d'attention) qui s'insinuent dans les sites, y infusent lentement et en deviennent d'autres espaces possibles. De même que la carte stimule la lecture d'un pays, l'objet esthétique in situ renouvelle notre relation à l'espace et au paysage.
Percussionniste, batteur, improvisateur et compositeur, Seijiro Murayama (né en 1957 à Nagasaki, vit et travaille en France et au Japon) explore les sentiers de l'improvisation non-idiomatique depuis la fin des années 1970. Il a multiplié les collaborations musicales (
Lionel Marchetti,
Jérôme Noetinger,
Éric La Casa, Éric Cordier, Michael Northam,
Jean-Luc Guionnet,
Thierry Madiot,
Pascal Battus,
Bertrand Gauguet, Emmanuel Petit,
Philip Samartzis,
Fred Frith, Tom Cora,
Keiji Haino, KK Null,
Axel Dörner, Klaus Filip, Ross Lambert, Stéphane Rives, Antonin Gerbal,
Cyprien Busolini, Pascale Criton, Toshiya Tsunoda, Thomas Brinkmann,
Petr Vrba,
Seiji Morimoto...) aussi bien que transdisciplinaires – danse, vidéo, peinture, performance, philosophie...–, avec
Jean-Luc Nancy, Ray Brassier, Catherine Diverrès, Dominique Koch, Dominique Collignon Morin, François Bidault, Diego Chamy, etc.
