John Baldessari est l'un des principaux représentants de l'art conceptuel de la côte ouest américaine. Baldessari explore la langue et la culture des médias de masse dans ses peintures et compositions photographiques, en interrogeant la relation des images aux textes. Enseignant tout au long de sa carrière, il marque des générations d'artistes ; influence toujours très présente aujourd'hui, aussi bien en Amérique du Nord qu'en Europe. Marie de Brugerolle réunit dix artistes qui illustrent, de part et d'autre de l'Atlantique, l'impact de son œuvre.
Marie de Brugerolle est historienne de l'art, autrice et commissaire d'expositions. Depuis 1994, elle travaille au développement de l'histoire de la
performance, des années 1960 jusqu'à sa dématérialisation ou absorption dans la société du spectacle au XXIe siècle, avec notamment les expositions :
Hors Limites : l'art et la vie, Centre Pompidou, Paris, 1994 ;
Bruce Nauman, MoMA, New York, 1995 ;
Ne pas jouer avec des choses mortes,
Villa Arson, Nice, 2008 ;
Yvonne De Carlo, MUSAC, León, 2011 ; et développe le concept de
Post-Performance Future. Elle contribue à faire connaître la
scène californienne et son histoire cachée :
Allen Ruppersberg,
Magasin, Grenoble, 1996 ;
Guy de Cointet,
MAMCO, Genève, 2004 ;
John Baldessari, 2005 et
Larry Bell, 2011, Carré d'art, Nîmes. Éditrice de la première monographie de
Guy de Cointet (
JRP|Ringier, 2011), elle est l'autrice de nombreux textes parus dans des catalogues (
Mike Kelley, Tate Modern, 2025) et revues :
Art Press,
Flash Art, ou
Artforum. Elle a été commissaire de l'exposition
Word is Round, Frac des Pays de la Loire, Carquefou, 2025.
John Baldessari, né en 1931 à National City (près de San Diego),
Californie, et décédé en 2020, est un
artiste conceptuel américain basé à Los Angeles dont le travail interroge la relation des images avec le texte, notamment par le biais de photographies issues de la culture de masse (magazines, publicités, télévision, cinéma) qu'il s'approprie.
Depuis le spectaculaire « Cremation Project » de 1970 qui a consisté à brûler toutes les peintures qu'il avait réalisées entre 1953 et 1966, son travail porte sur les relations entre langage et image, en tant que formes d'expression. Dans ses peintures, photographies, films et vidéos, collages, etc., Baldessari a interrogé depuis ses débuts les mécanismes de représentation médiatique, aussi bien que le sujet de la production artistique elle-même, à partir d'une gigantesque archive d'éléments iconographiques et textuels provenant de la publicité, du cinéma et de la presse qu'il manipule, décline et intégre sous différentes formes dans ses œuvres. Depuis 1980, Baldessari a poursuivi son travail sur les contenus narratifs en développant principalement des séries d'images et de photographies d'où les éléments textuels sont absents, les fonctions du langage étant évoquées en creux, sous les couches de peinture, entre les vides, dans les intervalles.
Baldessari a enseigné tout au long de sa carrière, entre autres à UCSD (université de Californie à San Diego),
CalArts (California Institute of the Arts) et UCLA (université de Californie à Los Angeles) jusqu'en 2008. Professeur légendaire, il jette les bases de l'enseignement artistique actuel américain lorsqu'il rejoint CalArts en 1970 et créé une classe de « Post studio » (« post atelier »), pour des étudiants peu enclins à travailler avec des médiums traditionnels (peinture ou sculpture) et établit une tradition de discussion critique autour du travail des étudiants, qu'il encourage à se penser d'ores et déjà comme des artistes. Il invite régulièrement dans sa classe des artistes de passage à Los Angeles, comme Bruce Nauman,
Lawrence Weiner ou Richard Serra. Il a formé toute une génération d'artistes américains comme
Jack Goldstein, David Salle,
Ashley Bickerton, Stephen Prina, James Welling,
Matt Mullican,
Troy Brauntuch,
Mike Kelley,
Jim Shaw,
Tony Oursler, Jim Isermann, et ultérieurement des artistes comme Analia Saban et Eliott Hundley. Via son enseignement, son influence sur l'art américain des dernières décennies est considérable, notamment sur la
Pictures Generation dont l'usage de l'appropriation et de la transformation d'images puisées dans la culture de masse est directement issu de sa pratique.