À travers le concept opératoire d'extrémisme littéraire et politique, ce volume explore les liens entre l'aspiration révolutionnaire des mouvements socio-politiques d'extrême gauche et la quête d'une nouvelle articulation entre littérature et réalité dans l'Italie des années 1970, une dynamique incarnée de manière exemplaire par le poète et romancier Nanni Balestrini (1935-2019).
La production littéraire de Nanni Balestrini, inscrite dans la longue saison des révoltes, vise à élaborer une pratique d'écriture subversive capable d'assumer une fonction politique. Du roman Vogliamo tutto (1971), qui inaugure une littérature ancrée dans la classe ouvrière et annonce les formes de la « littérature sauvage », aux ouvrages Vivere a Milano et La violenza illustrata (1976), qui investissent la littérature d'un rôle heuristique et de contre-information, Balestrini construit une œuvre en prise directe avec les tensions de son époque. L'analyse des Ballate della signorina Richmond (1977) met en lumière les résonances entre sa poétique et le mouvement de 1977, dernier sursaut contestataire de la décennie.
Ada Tosatti est maîtresse de conférences en littérature italienne contemporaine à l'Université Sorbonne Nouvelle. Ses recherches portent notamment sur les rapports entre littérature et engagement à partir de la seconde moitié du XXe siècle jusqu'à la période hyper-contemporaine, avec une attention particulière aux écrivains de la néo-avant-garde italienne. Également traductrice, elle a fait paraître en français l'œuvre majeure d'Elio Pagliarani, Carla, une jeune fille (Nous, 2024), ainsi que plusieurs œuvres de Nanni Balestrini, parmi lesquels Vivre à Milan et Hypocalypse (Entremonde, 2011) et Sandokan (Entremonde, 2017).