Une artiste contemporaine et un anthropologue dialoguent avec l'histoire de l'anthropologie, de la philosophie et de l'art pour tenter d'approcher la singularité de l'être humain.
Qu'est-ce que l'anthropologie ? Qu'est-ce qu'un être humain ? Comment l'anthropologie peut-elle être une science de l'être, plutôt que d'autres choses, les cultures, les systèmes sociaux, les relations ou les environnements ? Cet être, Catherine Beaugrand et Albert Piette le nomment « volume d'être ». Ils tentent de proposer des concepts et une grammaire pour approcher la singularité de chacun, dans ses moindres détails. Ils dialoguent avec l'histoire de l'anthropologie, avec des philosophies, surtout celles vers lesquelles les anthropologues se sont tournés. Ils trouvent dans l'art et en particulier la sculpture un ensemble d'appuis leur permettant de préciser « la méthode de la singularité », celle de chaque être humain et celle à inventer pour l'observer, la décrire, l'analyser.
Ce livre comporte un grand nombre de dessins qui ne sont pas une simple illustration de concepts. Ce sont des dessins de théorie avec leur propre heuristicité, pensant et représentant un être dans son volume et ses ligatures. Le volume d'être, ils essaient également de le suivre sur la longue durée de la préhistoire, faisant rencontrer Neandertal et quelques primates non humains. C'est l'indifférence et la moindrité qui sont le fil de ce récit d'origine, présentées comme des caractéristiques essentielles des humains. Concepts, dessins, images, anthropologie, art, philosophie, préhistoire : les deux auteurs nous proposent une « théorie », avec ses avancées et ses répétitions, une « cyclopédie », comme ils l'écrivent, la forme du livre n'étant pas sans ressembler à la structure d'un volume d'être.
Catherine Beaugrand est artiste visuelle et théoricienne de l'art, particulièrement intéressée par l'heuristicité de l'art en anthropologie.
Albert Piette est anthropologue, professeur à l'Université Paris-Nanterre, membre du Laboratoire d'ethnologie et de sociologie comparative (CNRS).