Une vaste recherche sur la notion d'écologie acoustique et sonore (les sonorités du paysage : la sonosphère, le Soundscape) et sa transition vers une nouvelle écosophie sonore, intégrant la multidimensionalité de l'écoute pour proposer d'entendre (et donc à la fois d'écouter, de comprendre et de vouloir) autrement.
Les sonorités du monde, voici la question dont il faut s'occuper aujourd'hui. Nous avons regardé, observé, théorisé… le monde, rarement nous l'avons écouté. Il est maintenant nécessaire de l'entendre. Il ne s'agit pas seulement de lutter contre les nuisances et les pollutions sonores qui envahissent les espaces du dehors et ceux de l'intériorité. La vraie question est celle d'écouter, comprendre et vouloir autrement. Un processus complexe qui nous met face à nous-mêmes et aux « Autres ». Terrestres parmi les terrestres, nous sommes ainsi appelés au dépassement de notre « vision » du monde pour imaginer et instituer des processus de subjectivation et de recomposition planétaire inédites. Face à la bifurcation qui s'annonce inévitable entre la poursuite des pratiques mortifères des pouvoirs en place et les transformations radicales qui s'imposent, un nouveau matérialisme esthétique (aisthésis), du sentir et de l'écoute, est nécessaire. Voici les vibrations complexes qui composent l'écosophie sonore et qui départagent l'écoute instrumentalisée de l'assujettissement de celle, affranchissante, de l'émancipation.
Roberto Barbanti est professeur au département Arts plastiques de l'Université Paris 8. Cofondateur et codirecteur de Sonorités (2006-2017), revue francophone d'écologie sonore, ses thèmes de recherche concernent la question de la complexité et de l'écosophie dans l'art contemporain et actuel ainsi que l'écologie sonore et la dimension sonore du paysage.