Nouvelle monographie, avec des essais de Michel Pastoureau et 
Jean-Marc Huitorel, la reproduction des planches de l'« antidictionnaire » qui 
accompagne l'œuvre peinte de Pierre Mabille, une sélection de 
peintures récentes, un ensemble de vues des vitraux de l'église de Chalonnes-sur-Loire, ainsi qu'une biographie documentée et illustrée qui permet d'inscrire l'actualité 
de l'artiste dans l'ensemble de son parcours 
artistique.
« La réitération n'implique pas fatalement le ressassement. La forme oblongue que Pierre Mabille remet sans cesse sur le métier depuis 1997 n'a d'existence que dans une subtile polysémie. Ce motif récurrent, singulier et unique qui se retrouve dans ses peintures, dessins, dispositifs et vitraux désormais, possède une force secrète qui se révèle dans la pratique. Ici ne s'avoue aucun dessein à court, moyen ou long terme, mais se distingue une préméditation improvisée. L'apparition de la forme/signe segmente un parcours qui voit l'abandon de toute anecdote au profit d'une expérience de la couleur. La couleur dans sa fluidité, ses contrastes, son rythme, ses variations, son dynamisme. La couleur via, par, pour la forme qui refuse l'image. Pour mieux faire sens ? Faire sensation serait plus pertinent. Tout ici se manifeste dans l'équilibre, dans le jeu incessant de la couleur et de l'espace. Les grands formats horizontaux des peintures récentes témoignent de cette recherche où les couleurs sont mises en relation en fonction de leur densité. »
Robert Bonaccorsi
	
		Dans les années 1980, Pierre Mabille (né en 1958 à Amiens) peignait des surfaces saturées 
de signes pour la plupart figuratifs. Parmi eux, quelques formes 
d'apparence plus abstraite, dont celle d'une touche de pinceau, le 
résultat de sa pression sur le plat de la surface. 
« Dans mon vocabulaire initial, elle symbolisait le cyprès. A l'origine 
verticale, elle était beaucoup plus marquée, rappelait notamment 
la mandorle, déterminait un haut et un bas. Je l'ai disposée 
horizontalement. Elle a gagné en légèreté. Plus aérienne, elle m'offre 
la possibilité de composer en étagement, en suspension, d'oublier le 
sol et le ciel, donc de quitter l'image. » 
Cette figure en forme d'amande pointue que le vocabulaire français 
ne sait pas nommer avec précision mais que la langue allemande 
qualifie parfaitement : ein Spitzoval est « un ovale à deux pointes ». 
Depuis 1997, Pierre Mabille en fait un motif récursif de sa peinture. Il 
l'obtient en entrecroisant et en superposant des lignes courbes ou 
ondées de différents modules, produisant à leurs intersections un 
ensemble d' « otelles » qui, une fois les couleurs posées et les lignes 
effacées, deviennent les motifs principaux du tableau.