Une exploration du rôle de l'écriture dans la pratique artistique d'Huguette Caland.
À travers des croquis, des documents visuels et un essai de Brigitte Caland, universitaire et fille de l'artiste, cette publication permet de comprendre la fusion unique entre image et texte chez l'artiste libanaise. Elle aide également à comprendre le rôle de l'écriture dans les œuvres d'Huguette Caland, comment, en dissimulant certaines parties, l'artiste crée, consciemment ou inconsciemment, une relation ludique avec le spectateur, et comment ses fragments manuscrits et ses symboles inventés deviennent un langage à part entière, basculant parfois vers l'abstraction.
De Beyrouth à Paris en passant par Los Angeles, le livre dévoile comment l'art visuel et l'écriture combinés servent de multiples objectifs au cours d'une vie pleinement vécue.
Titulaire d'un master en critique d'art et études curatoriales et d'un doctorat en langues, littératures et civilisations de l'INALCO-Paris, Brigitte Caland a enseigné au département des langues arabes et proche-orientales de l'Université américaine de Beyrouth ainsi qu'à l'Université Saint-Joseph de Beyrouth. Cuisinière de formation, elle s'intéresse à l'histoire de l'alimentation et a publié son premier ouvrage,
Promenades culinaires (Les trois colonnes, 2020), sur l'évolution des traditions culinaires au Proche-Orient. Depuis 2005, elle gère la succession de sa mère
Huguette Caland et a co-organisé plusieurs expositions consacrées à son œuvre.
Huguette Caland (1931-2019) est une artiste libanaise considérée, avec Shafic Abboud,
Etel Adnan, Yvette Achkar et
Helen Khal, comme l'une des principales figures de l'
art contemporain libanais.
Née à Beyrouth, fille unique du premier président du Liban après l'indépendance, Bechara El Khoury, Huguette Caland a observé le développement de la scène créative et culturelle libanaise, alors que Beyrouth devenait un joyau métaphorique et le siège de nombreuses mythologies. Après la mort de son père, mariée au Français Paul Caland et mère de trois enfants, elle peint son premier tableau en 1964 et s'inscrit de manière informelle à des cours d'art et de design à l'Université américaine de Beyrouth (AUB). Au cours de cette période de formation, elle noue une amitié à vie avec la brillante artiste, éducatrice, galeriste et auteure Helen Khal, l'une des nombreuses amitiés notables de sa carrière. En 1970, Caland quitte Beyrouth pour Paris, où elle entame l'une de ses plus célèbres collaborations avec le couturier Pierre Cardin, qui l'invite à dessiner une série de robes et de caftans. Après s'être réinstallée à Venice, en Californie, elle devient en 1987 une doyenne de la scène artistique de Los Angeles, accueillant régulièrement chez elle des artistes comme
Larry Bell,
Chris Burden et l'un de ses camarades les plus chers, Ed Moses.
Pour Caland, le corps est un élément obsessionnel constant et un objet d'investigation centrifuge. Ses compositions érotiques sur papier, ses collages expressifs, ses autoportraits et ses célèbres peintures « Bribes de corps » manifestent l'image composite d'un corps en perpétuel mouvement, qui refuse d'être contenu par la logique ou l'idéologie, un moi qui n'est pas prescrit par les autres mais qui est au contraire ouvert à toutes les possibilités de la vie, aux individus et aux interprétations.