Horror Vacui

Wanda Nay explore la tension complexe entre l'expression personnelle et le contrôle institutionnel à travers sa pratique distinctive du dessin. Pour cette série, Nay travaille principalement avec des crayons de couleur sur des documents officiels. Elle se réapproprie l'espace esthétique des systèmes bureaucratiques – formulaires, certificats, demandes – en les transformant en compositions vibrantes et fluides. Au cœur de son travail se trouve le concept classique d'« horror vacui », qui signifie en latin « peur de l'espace vide », qu'elle réinterprète dans une optique féministe, psychologique et sociopolitique. Cette esthétique n'est pas fortuite ; elle reflète une réaction à la violence silencieuse des systèmes administratifs – des espaces où les identités sont réduites à des cases à cocher et les vies comprimées dans des lignes de texte. En écrasant ces documents, elle ne les efface pas, mais les noie dans une complexité visuelle, créant ainsi une sorte de protestation par l'excès.
Son utilisation de crayons de couleur – souvent considérés comme un moyen d'expression de l'enfance ou de l'innocence – ajoute une couche subtile d'ironie et de contradiction. La douceur de l'outil contraste fortement avec la rigidité des formes sous-jacentes, créant une tension aussi conceptuelle que visuelle. Les teintes ludiques et les marques rythmiques n'allègent pas l'œuvre, elles en accentuent le malaise, transformant chaque dessin en une négociation entre l'enfermement et l'éruption.
Dans la version de Nay de l'horror vacui, la peur du vide n'est pas seulement esthétique, elle est existentielle. Ses dessins posent la question suivante : que se passe-t-il lorsque l'individu s'oppose à des systèmes conçus pour l'écraser ? En dépassant les cadres destinés à l'enfermer, Wanda Nay ne se contente pas de remplir le vide, elle se le réapproprie.