Les nouveaux régimes de l'information et usages du document créés par quatre figures majeures du monde artistique entre les années 1960 et 1970, en opposition au contrôle du système marchand-critique et muséal, dans un contexte de crise de légitimité des institutions.
Germano Celant, Lucy R. Lippard et
Carla Lonzi, commissaires d'exposition et critiques d'art, ainsi que
Seth Siegelaub, marchand d'art, sont à la fin des années 1960 des acteur·ices majeurs du monde de l'art. Elles/ils s'associent alors aux artistes pour interroger le pouvoir des institutions et mettre en cause leur autorité sur la création artistique. Cette critique est d'autant plus incisive et pertinente qu'elle émane de l'intérieur même de ces institutions, dans lesquelles elles/ils jouent un rôle non négligeable.
Issue d'une thèse de doctorat, l'étude de Marie Adjedj s'intéresse aux démarches respectives de ces quatre figures de l'art contemporain et leurs usages inventifs des documents imprimés. Pour déhiérarchiser leurs rapports avec les artistes, elles/ils brassent une large panoplie d'outils et de pratiques professionnelles : publications souvent autoéditées et toujours réalisées en collaboration avec les artistes, contrats, archives, etc. Les nombreuses illustrations présentes dans l'ouvrage permettent d'apprécier la plasticité de ces objets et de remarquer leur proximité avec les œuvres langagières des artistes conceptuels ou les publications d'artistes contemporaines. Se gardant de les considérer comme des œuvres potentielles, les analyses du livre rendent justice aux préoccupations de ces professionnel·les de l'art qui, à travers l'exposition et grâce aux textes critiques, assurent la diffusion des œuvres. Sans esquiver les défis et contradictions qui en découlent, le propos de cet ouvrage tente de rendre compte des recherches exigeantes menées par Germano Celant, Carla Lonzi, Lucy R. Lippard et Seth Siegelaub en vue d'une expérimentation des positions alternatives qu'elles/ils pourraient occuper auprès des artistes et pour explorer un nouveau type d'approches critiques.
Marie Adjedj est docteure en histoire de l'art et enseigne à l'
École européenne supérieure d'art de Bretagne (EESAB), site de Quimper. En croisant l'histoire de l'art, de l'exposition et de la critique d'art elle étudie les enjeux politiques de l'art tels qu'ils se formulent depuis la fin des années 1960.