Un récit polyphonique qui s'inscrit dans l'après-guerre coloniale en France, restituant la mémoire familiale en même temps que les recoins d'ombre de l'histoire officielle ou le silence des survivants pour soulever la chape de silence sous laquelle a été maintenue la guerre d'Algérie.
em>Affreville est le récit courageux de la guerre d'Algérie qui s'est poursuivie dans une famille française après 1962. La narratrice met à la question son père, gendarme en poste à Affreville de 1954 à 1960 et s'interroge sur les exactions et les actes de torture dans lesquels il aurait pu être impliqué. Il a fallu que le père disparaisse pour que puisse se libérer la colère et la révolte de la narratrice contre la folie à laquelle elle a été exposée dans son adolescence. Sans précaution oratoire, elle met à la « question » son père, un gendarme en poste à Affreville pendant la guerre d'Algérie et s'interroge sur les actes de torture dans lesquels il aurait pu être impliqué.
En dressant le portrait implacable du père, ce récit force à ouvrir une brèche dans notre passé colonial et dans les familles françaises ébranlées par le traumatisme des pères revenus d'Algérie, et mis au silence par l'État ; un lourd tribut dont les générations suivantes ont hérité et qui demeure encore indicible aujourd'hui.
« Je suis née à la fin de la guerre d'Algérie et au début d'une autre guerre, celle qui allait continuer de se poursuivre dans le corps énervé de mon père pendant quarante ans, crachant des projectiles contre la marmaille attroupée autour de la table, contre l'épouse malaimante, contre l'adjudant, contre les Arabes, contre les hommes politiques, et contre le monde entier indifférent, un bombardement cacophonique, des mots tirés en l'air. »
Claire Tencin vit à Paris et a publié son premier récit Je suis un héros, j'ai jamais tué un bougnoul en 2012, puis Aimer et ne pas l'écrire, Montaigne et Marie en 2014, Le silence dans la peau en 2016. Elle participe régulièrement à la revue littéraire Diacritik.