L'autobiographie ardente du célèbre pionnier du free jazz new-yorkais Sonny Simmons (1933-2021).
Bien que ses années passées sur la scène free jazz new-yorkaise des années 1960 aient cimenté sa réputation de compositeur et soliste parmi les plus énergiques et les plus fascinants de l'époque, le saxophoniste Sonny Simmons était presque oublié dans les années 1980, où il était fauché, fortement dépendant de la drogue et de l'alcool, et séparé de sa femme et de ses enfants. « De 1980 à 1994, j'ai joué dans la rue, 365 jours par an », raconte Simmons à l'historien et biographe du jazz Marc Chaloin. « Je me rendais à North Beach et je dormais dans le parc. Le bruit a couru en ville que Sonny était un junkie, un vrai drogué. »
La résurrection de la carrière de Simmons – lors de la sortie de son album
Ancient Ritual (Qwest Records) en 1994, acclamé par la critique – est devenue une légende moderne du genre. Au cours des deux dernières décennies de sa carrière musicale, Simmons a accédé à un nouvel échelon de reconnaissance, se lançant dans des tournées européennes à succès, dirigeant de nouveaux ensembles, et enregistrant une série d'albums qui l'ont fait entrer, à sa mort à l'âge de 87 ans, dans le panthéon des grands innovateurs et des grands maîtres. Il est cependant resté une figure relativement méconnue du grand public.
Dans ce premier livre consacré à sa vie, Simmons raconte son enfance dans les bois de Louisiane, son adolescence sur la scène jazz naissante de la Bay Area et sa vie de star à New York aux côtés des plus grands, Sonny Rollins, Eric Dolphy et
John Coltrane. Ses témoignages de chaque époque et de chaque lieu s'ajoutent à une histoire culturelle de la fin du XXe siècle : Simmons a vu Billie Holiday et
Thelonious Monk au Black Hawk, a vécu les émeutes de Watts, a planqué des armes pour le Blank Panther Party, a côtoyé Jefferson Airplane et Jimi Hendrix, et a fait une tournée en Europe au milieu du boom multiculturaliste des années 1980. Mais c'est sa mémoire aiguë pour les outsiders et les nouveaux venus qui caractérise sont récit.. Il ne mâche pas ses mots à l'égard de ses rivaux : Pharoah Sanders et John Handy, Miles Davis et Prince Lasha en font les frais.
Qu'il parle de ses nombreuses liaisons amoureuses, de son partenariat romantique et créatif tumultueux avec la trompettiste de jazz accomplie Barbara Donald, de la douleur de voir ses amis et ses héros terrassés par la toxicomanie ou du racisme qu'il a subi sous des formes au fil des décennies et des États, Simmons apporte à chaque phrase la vigueur du style qui animait sa musique. Et en filigrane, il y a toujours la charge électrique de sa passion artistique. « Je pense que tout ce dont j'avais besoin pendant ces terribles périodes d'obscurité et de désespoir, c'était de jouer », écrit-il à propos des années les plus difficiles qu'il a vécues à San Francisco. « Pouvoir exprimer la musique en moi était comme un rituel de purification ». À l'instar de
Beneath the Underdog de Charles Mingus et de
Straight Life d'Art Pepper,
Better Do It Now Before You Die Later de Simmons est un témoignage de première main, sans filtre, de la vie dans le milieu du bebop, dans toute sa splendeur et sa brutalité, saisissant les bas-fonds dévastateurs de la dépendance, de la pauvreté et de l'obscurité et les hauts-fonds extatiques d'une vie consacrée à la musique.
