Une analyse du véritable système théorique et marchand élaboré par Michel Tapié de Céleyran (1909-1987), qui inventa sa profession d'entrepreneur d'art en conciliant plusieurs activités – critique d'art, éditeur, conseiller artistique, courtier et collectionneur –, contribua aux destinées internationales de quelque 200 artistes de premier plan et fut à l'origine de l'appellation d'
Art informel.
« Tapié, dans ces moments mondains, était vraiment très fort. Je le voyais repérer des œuvres et dire, sur un ton remarquablement certain : "Celui-là c'est un artiste" et il le lançait ! C'était magique ! » raconte Ezio Gribaudo, éditeur de livres d'art.
Quiconque a travaillé avec Michel Tapié ou étudie aujourd'hui son œuvre ne peut qu'être bluffé, d'abord par son œil, mais aussi par l'incroyable invention de son métier et par ses ingénieuses stratégies pour attirer les artistes de son choix dans les galeries qu'il conseillait.
Fruit d'une passionnante recherche dans les archives internationales et familiales inédites, de rencontres avec les témoins, artistes, collectionneurs et galeristes, cet ouvrage, première véritable étude sur le sujet, rend compte des activités protéiformes de Michel Tapié de Céleyran (1909-1987). Il sut, en effet, inventer la profession d'entrepreneur d'art en conciliant plusieurs activités (critique d'art, éditeur, conseiller artistique, courtier et collectionneur), en mettant en relation des galeries internationales et en organisant à travers le monde (France, Espagne, États-Unis, Italie, Japon ou Iran), de nombreuses expositions itinérantes autour d'artistes tels que Accardi,
Appel, Capogrossi, De Kooning,
Dubuffet,
Fontana, Kline, Kopač,
Mathieu, Pollock, Riopelle,
Sam Francis,
Saura, Tàpies, etc.
Qui pourrait se vanter d'avoir contribué, comme Michel Tapié, aux destinées internationales de ces plus de cent-quatre-vingts artistes qui constituent la constellation d'« Un Art Autre », nom qui est aussi celui d'un véritable système théorique et marchand qu'il a adroitement orchestré de la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu'au début des années 1970 ?
Historienne d'art et commissaire d'exposition indépendante, Juliette Evezard est chercheuse associée au Laboratoire Eclla de l'Université Jean Monnet de Saint-Étienne et soutenue par la Karel Appel Foundation. Elle mène des recherches sur
Karel Appel et la France de 1950 à 1970, sur la critique et le
marché de l'art et est autrice de nombreux essais consacrés à l'art des années d'après-guerre.