Un panorama des remakes cinématographiques de l'artiste français sur une décennie.
« Il y a quelque chose de profondément troublant dans le fait que Brice Dellsperger ait fait disparaître Laura Palmer pour la remplacer par une sosie. »
Evan Moffitt
Depuis 1995, l'artiste français Brice Dellsperger travaille sur des remakes de séquences de films cultes, qu'il a rassemblés sous le titre générique « Body Double ». Le dédoublement de l'acteur ou de l'actrice jouant tous les personnages, féminins et masculins, implique un travestissement et soulève des questions sur le genre, l'originalité et l'artifice.
Cet ouvrage couvre une décennie et rassemble des images tirées de ses douze films les plus récents, de Body Double 29 (2013) à Body Double 40 (2024), avec des textes d'Evan Moffitt et Rebekka Seubert et des vues de ses dernières expositions
Brice Dellsperger (né en 1972 à Cannes, vit et travaille à Paris où il enseigne à l'
ENSAD depuis 2004) travaille depuis 1995 sur des remakes de séquences de films cultes (
Dressed to kill,
Return of the Jedi,
Saturday Night Fever,
L'important c'est d'aimer,
My Own Private Idaho,
Twin Peaks...) qu'il rassemble sous le titre générique de
Body Double.
Les
Body Double sont une série de vidéos numérotées dans lesquelles le cinéaste et plasticien rejoue des scènes célèbres de films en doublant plan à plan ce qui se présente alors comme un original, mais aussi mot à mot puisqu'il ré-emploie la bande sonore du film premier, sur laquelle des corps, en remplacement des acteurs, se calent.
Le dédoublement de l'acteur incarnant tous les personnages, aussi bien féminins que masculin, implique un travestissement et une interrogation à la fois sur le genre, la facticité et l'artifice, que le cadre du cinéma permet de développer de manière spécifique : « Les travestis qui peuplent mes films sont des créatures fantastiques, de celles que j'aimerais croiser plus souvent dans la vie de tous les jours. Le cinéma emploie le costume sous toutes ses formes, et il est lui même travestissement de la réalité dans son acte de reproduction, dans l'illusion qu'il génère. Le cinéma est un artifice, il est donc le parfait réceptacle de mes expérimentations en matière de travestissement et de jeu de genres. Je le vois comme une extension du domaine du film, un doublement de la fiction. »
Les œuvres de Dellsperger sont présentées dans de nombreux festivals de cinéma internationaux et acquises par de nombreuses collections privées et publiques, comme son long métrage
Body Double X, présent dans la collection du MoMA.