Les Mortes est une œuvre musicale de Benoît Moreau construite à partir du fragmentaire. La pièce explore des récits qui reviennent, se déforment, se rééclairent, comme si chaque reprise ouvrait une autre perspective. Trois ensembles aux esthétiques différentes traversent ce matériau éclaté, naviguant parmi les traces d'un tout dont il ne reste parfois que l'écho.
Au centre, une spirale de récits. Une fanfare funèbre, un rap privé de voix, des scènes d'absence et de violence, et surtout un texte brut et presque insoutenable, extrait de 2666 de Roberto Bolaño. Sous forme d'autopsies interminables, Bolaño expose les conséquences d'un féminicide bien réel et donne corps à un mal autour duquel son œuvre gravite. Ce fragment, asséché et dépouillé, est la seule portion du roman à apparaître dans la pièce. Il en constitue l'axe, autour duquel le parcours sonore s'enroule, s'élève ou s'effondre.
L'écoute est traversée par une sensation de déjà-vu proche de celle qui hante la lecture de Bolaño. Les répétitions, variations et retours construisent un labyrinthe où le sens se recompose pas à pas.
Benoît Moreau (né en 1979) est artiste sonore et compositeur de musique instrumentale et électroacoustique basé en Suisse. Pianiste, clarinettiste et musicien électronique, il évolue à la croisée des musiques expérimentales, de l'improvisation, de la performance, du cinéma et du théâtre.
Diplômé du Conservatoire de Genève en composition instrumentale et électroacoustique, il a notamment étudié auprès de Michael Jarrell et Éric Gaudibert. Il est également cofondateur de l'Association Rue du Nord, dédiée à la musique improvisée actuelle.