Une série d'œuvres inédites du peintre sénégalais, en dialogue avec les grands maîtres impressionnistes du musée des Beaux-Arts de Rouen.
Pirogues, pêcheurs et rives du Sénégal habitent les toiles puissamment colorées d'Alioune Diagne. De son pays natal, il a toujours été attiré par les rives des fleuves Sénégal et Gambie, saisissant l'animation et l'énergie des scènes de vie qu'il observe. « Cela me permet d'illustrer de façon sous-jacente les problématiques de migrations, de surpêche, de pollution des eaux mais aussi le courage d'hommes anonymes vivant dans des conditions difficiles pour pourvoir le pays en poisson », souligne Alioune Diagne qui s'est fait connaître sur la scène internationale de Dakar à Paris, et qui représente le Sénégal lors de la 60e Biennale de Venise en 2024.
Ses toiles offrent un écho saisissant aux œuvres des grands maîtres impressionnistes, par leur mouvement et leur technique. En réponse aux touches de couleur de Monet ou Sisley, l'artiste propose un ensemble de signes abstraits qui forment autant de silhouettes et de sensations.
Publié à l'occasion de l'exposition éponyme au musée des Beaux-Arts de Rouen du 15 septembre 2023 au 5 mars 2024.
Né en 1985 à Fatick au Sénégal, Alioune Diagne est un artiste dont le travail imprégné de sa culture revêt une identité visuelle forte. Très créatif dès son enfance, son admission à l'Ecole Nationale des Beaux-Arts de Dakar en 2008 l'engage résolument vers une carrière artistique. L'année 2013 est un tournant pour Diagne qui crée son propre mode d'expression : le figuro-abstro. Il représente dès lors des scènes figuratives à partir de signes abstraits peints dans des tonalités lumineuses. Ces signes qui occupent aussi bien le fond de la toile que l'intérieur des figures, sont pour l'artiste des motifs inconscients vecteurs de sens et d'émotions. Par ce nouveau langage, une relation inédite se noue avec le spectateur. Ce dernier est obligé de s'impliquer physiquement, de se déplacer, de plisser les yeux, pour recomposer l'image.
Le peintre est attiré par de nombreuses thématiques qu'il rassemble dans des « collections ». Les femmes sur les marchés au Sénégal, les modou-modou – travailleurs africains immigrés – les groupes d'enfants croisés dans la rue, sont autant de sujets qui l'inspirent. Ses oeuvres offrent une vision vibrante et esthétique de la vie quotidienne des Sénégalais mais également de celle de la diaspora africaine. L'engagement est sensible dans son travail qui incite à se questionner sur des sujets cruciaux comme l'écologie, la condition des femmes, le racisme.
