Les candélabres de Piranèse et la présence du passé – Objets excessifs et origines du néo-classicisme

Vers la fin de sa vie Giovanni Battista Piranesi (1720-78) créa trois candélabres colossaux en utilisant des fragments de sculpture romaine trouvé près de la Villa Hadriana à Tivoli. Un de ces candélabres se trouve maintenant au Louvre, les deux autres en Oxford, dans la collection du Ashmolean Museum. Les candélabres de Piranèse et la présence du passé est la première étude monographique de ces trois objets. L'ouvrage montre l'investissement intense autour de 1800 des artistes, collectionneurs, restaurateurs, ainsi que le public dans un effort de restituer une présence matérielle à l'antiquité gréco-romaine. Il montre comment des artefacts, souvent des bricolages à partir de quelques restes romaines, faisaient croire aux spectateurs et collectionneurs non seulement que l'Antiquité était à nouveau présente, mais aussi que les statues reprenaient vie sous leur regard. Le livre est aussi le premier à tracer les enchevêtrements de la restauration, création et falsification des œuvres antiques, et offre une nouvelle contextualisation historique des pratiques de restauration à Rome autour de 1800. Il reconstruit des épisodes majeurs dans les biographies de ces trois candélabres, de leur création à leur entrée en musée. Mais ce livre est aussi un essai majeur pour intégrer des idées formulées autour de 1800 sur ce que nous appellerions aujourd'hui le material agency avec des théories récentes sur l'attachement aux objets. Il donne ainsi un fondement historique à des théories contemporaines comme celles de Bruno Latour ou Alfred Gell sur l'agentivité des objets. Enfin ce livre élargit aussi l'horizon des études sur Piranèse et le néoclassicisme en introduisant des théories psychologiques et anthropologiques contemporaines pour comprendre la fascination intense que ces candélabres exercèrent.