Cet ouvrage réunit trois textes autour du documentaire Disneyland, mon vieux pays natal d'Arnaud des Pallières. Comprenant en premier lieu la retranscription du film, les deux autres contributions prolongent la pensée critique engagée par le film sur le spectacle avec une analyse esthétique et politique par Jean-Louis Comolli et un entretien entre Arnaud des Pallières et Claire Jacquet. L'occasion d'exprimer un plus grand pan de la fabrication et de la réflexion amorcées par cet objet filmique hybride.
Sous la forme d'un journal intime et en convoquant une variété de références littéraires explicites (
Franz Kafka, Jorge Luis Borges,
Walter Benjamin…), ou plus implicites (la technique du cut-up de
William Burroughs), Arnaud des Pallières livre avec
Disneyland, mon vieux pays natal, une critique du capitalisme tardif et du monde-spectacle à travers l'étude du célèbre parc et de ses dérivés sociétaux (le management, l'urbanisme, le contrôle des flux et des corps, des images...).
Dans l'idée de faire résonner dans notre période historique ces mots qui furent entendus autrefois en 2001, l'ouvrage a pour idée de faire dialoguer plusieurs penseurs dans une perspective ouvertement critique et dialectique. En retirant la force des images du film, le livre propose une redistribution des questions posées par le film sous une forme textuelle. Cet ouvrage réunit trois textes tournés autour du documentaire. La première partie de l'ouvrage contient une retranscription du film. Les deux autres contributions prolongent la pensée critique engagée par le film : une analyse esthétique et politique par Jean-Louis Comolli, ainsi qu'un entretien entre Arnaud des Pallières et Claire Jacquet. L'occasion d'exprimer un plus grand pan de la fabrication et de la réflexion amorcée par cet objet filmique hybride à la croisée entre essai, fiction et documentaire.
« Le grand projet de la firme Disney a été de faire de l'enfant un interlocuteur de marché émancipé. Ce qu'on appelle un consommateur. En colonisant la littérature traditionnelle pour enfants, en tentant à toute force de désactiver la violence archaïque des contes de fées, la firme Disney a transformé en rêve ce qui avait valeur de cauchemar cathartique. Dans mon film, je ne fais que libérer quelques monstres, la maladie, la tristesse, le suicide, la mort, afin de leur permettre, le temps d'un récit, de revenir sur les lieux d'où ils ont été chassés. C'est un petit travail de justicier, de libérateur. Libérer les prisonniers, rapatrier les expatriés, comme on veut. Mais la véritable noirceur du film est dans cet aveu : Disneyland est ce qu'il est mais – et quoiqu'il m'en coûte – il est tout de même "mon vieux pays natal", à moi, et à des millions d'enfants depuis le début des années 60. »
Arnaud des Pallières
Arnaud des Pallières (né en 1961 à Paris) est un réalisateur français. Après des études en littérature, un passage au théâtre en tant que metteur en scène et acteur, il étudie à la Fémis dans laquelle il invite, entre autres,
Gilles Deleuze à intervenir dans la conférence filmée
Gilles Deleuze : qu'est-ce que l'acte de création ? (1988), coréalisée avec Arnaud Dauphin.
Il réalise une variété d'œuvres pour le cinéma et la télévision, brouillant régulièrement les frontières entre fiction et documentaire. En 1997, il réalise son premier long-métrage
Drancy Avenir, à propos de l'extermination des Juifs d'Europe et de ses conséquences contemporaines. En 1999, pour la série télévisée
Un siècle d'écrivains, le cinéaste réalise
Is Dead (Portrait incomplet de Gertrude Stein).
Son travail au cinéma puise très souvent dans la littérature et dépeint des enjeux historiques précis, représentés au spectateur à travers le portrait de ses personnages. En exemple, son film
Michael Kohlhaas (2013), tiré du roman éponyme de Heinrich von Kleist et à propos d'un marchand de chevaux, réformé d'origine allemande, qui s'est établi dans les Cévennes en terre protestante au XVIe siècle.
Le cinéaste garde néanmoins en parallèle des projets de films à la forme plus expérimentale. En 2011, après dix années de travail se termine la création du film
Poussières d'Amérique, grande fresque sur une recomposition de l'Histoire des États-Unis à travers un remontage d'archives privées, parachevant la parenthèse réflexive sur le travail du matériau filmique, amorcée avec
Disneyland, mon vieux pays natal, filmé en vidéo (2001, diffusé sur Arte).
Il a été enseignant à l'École Nationale d'Arts de Cergy Pontoise et artiste-professeur invité au
Fresnoy.