Le récit de la Commune de Paris par Louise Colet, grande autrice du XIXe siècle et célèbre maîtresse de Flaubert, qui explicite ici ses positions politiques, républicaines, anticléricales et féministes, dans une version remaniée du texte.
Dans La vérité sur l'anarchie des esprits, Louise Colet nous plonge à chaud dans l'horreur des évènements sanglants de la Commune auxquels elle a assisté en 1871, et fustige violemment l'hypocrisie de la bourgeoisie, l'arrogance du monarchisme et du cléricalisme à l'œuvre, qui ont conduit le pays dans le chaos depuis la Révolution française.
La Commune de Paris est la plus importante des insurrections populaires, qui a duré du 18 mars 1871 à la Semaine Sanglante du 21 au 28 mai 1871. Louise Colet, féministe, républicaine et anticléricale, prend le parti des insurgés et des intellectuels favorables à leur cause, parmi lesquels elle se compte. L'autrice met au service de sa sensibilité exacerbée son engagement auprès des défavorisés de la terre et encore plus des femmes frappées par l'injustice de leurs conditions maternelles et sociales.
Edgar Quinet, l'Esprit nouveau est un témoignage vibrant de son amitié avec le politicien et de la douleur de vieillir. Écrit à San Remo en 1875, un an avant sa disparition, Louise Colet très malade suit avec terreur l'avancement de sa mort et le vote en France des lois constitutionnelles par une Assemblée nationale « monarchiste ».
« C'était le 24 mai 1871. Les soldats de Versailles venaient de se rendre maître depuis quelques heures des barricades de la rue Vavin où est située la maison que j'habite. Les détonations des mitrailleuses et des fusillades retentissaient encore dans les rues adjacentes, alternées avec les cris et les imprécations des fédérés qu'on exterminait. Les flammes des incendies se croisaient sous mes fenêtres. Je me réfugiai dans une pièce donnant sur la cour sans me douter que de ce côté le péril était plus grand encore. Tout à coup, la poudrière du Luxembourg éclata. Je suis renversée sur le parquet par la commotion et blessée à la hanche et au bras par des débris de plâtras calcinés. Des voix criaient que la maison brûlait. Je me raidis contre la douleur et descendis précipitamment l'escalier. C'était une fausse alerte mais j' étouffais et je me jetai dans la rue pour respirer. L'air était incandescent. Je courais sur les pavés ensanglantés et chauds sous mes pieds comme les parois d'un cratère. Deux maisons éventrées par d' énormes lames de feu s'écroulaient à ce moment, couvrant la rue Notre-Dame-des-Champs de débris embrasés et de poussière noire. Les soldats faisaient la haie. Je me frayai un passage à travers leurs baïonnettes. »
Louise Colet (1810-1876), poète, romancière, dramaturge et essayiste politique, a touché à tous les genres avec la reconnaissance du public et de ses pairs et fut couronnée de prix littéraires. Républicaine et
féministe, engagée aux côtés des
fouriéristes, tenant un salon littéraire réunissant Victor Hugo, Alfred de Musset, Alfred de Vigny et Charles Baudelaire, connue comme maîtresse de Victor Cousin et muse de Théophile Gautier, célèbre surtout pour sa longue et orageuse liaison avec Gustave Flaubert, assortie d'une abondante correspondance, Louise Colet a légué une œuvre conséquente qui dû attendre le XXIe siècle pour être redécouverte.