Une plongée dans l'univers coloré de la designer Laureline Galliot.
L'exposition vrai ou FAUVE à la Cité du design met à l'honneur le travail de Laureline Galliot. Novatrice dans sa pratique du design, celle-ci explore les nouvelles formes de picturalité offertes par le numérique. Son iPad est sa palette : cette designer-peintre a arpenté les musées pour expérimenter le potentiel de cet outil et transposer la gestuelle des artistes dans un langage numérique. Plus tard, elle s'est familiarisée avec les logiciels de réalité virtuelle au Disney Research Lab, jusqu'à parvenir à peindre en 3D. Pour Laureline Galliot, « la couleur n'est pas une finition, mais plutôt un matériau ». À l'image des peintres fauvistes, elle se sert des couleurs pour distinguer chacun de ses gestes, sculptant la matière lumineuse sur écran. Les designs obtenus sont ensuite imprimés, sur papier, sur tissu ou en 3D.
L'édition associée à l'exposition vrai ou FAUVE comporte un texte commandé à Raphaèle Billé, historienne des arts décoratifs, une sélection de projets et visuels commentés par Laureline Galliot ainsi qu'un focus sur l'expérimentation menée avec l'entreprise Benaud Créations autour de son savoir-faire de la moire.
« Dans le champ du design produit, le travail de Laureline Galliot s'inscrit plus sûrement encore dans la lignée d'une nouvelle forme d'artisanat émergent à l'ère du numérique. La mission qu'elle s'est fixée se concentre dans une volonté de traduire les formes et le vocabulaire ornemental bloqué à une époque en les libérant par la réactualisation, grâce aux nouveaux outils qu'elle apprend à connaître et à maîtriser. En chercheuse, elle nourrit sa pratique par une collecte de références qui forment les éléments constitutifs de ce qu'elle qualifie de « laboratoire de recherche ». Constitué sans hiérarchie de statut, ce laboratoire est enrichi au fil du temps, de ses voyages ou de ses découvertes. Il comprend aussi bien des pièces d'artisanat, d'art populaire, que des copies de tableaux de maîtres, des échantillons de plastique recyclé, des légumes, des morceaux de bois, des vidéos de phénomènes. Tous ont pour point commun une étrangeté formelle qui l'interpelle. Cette bizarrerie peut aussi bien résider dans leurs lignes parfois discordantes ou une matière singulière que dans leur couleur, tout en générant néanmoins un équilibre encore inexplicable à ses yeux. Laureline Galliot a ainsi constitué une véritable encyclopédie mentale de ces éléments dont elle perçoit un potentiel à réinterpréter. »
Raphaèle Billé
Laureline Galliot (née en 1986, vit et travaille à Paris) est designer mais c'est avant tout une passionnée de BD, de dessins animés et de peinture. C'est la danse, qu'elle pratique en compagnie entre ses 9 et 17 ans, qui lui donne le goût du décor. Après une formation dans le design textile à l'ENSAAMA Paris, Laureline Galliot décide d'étudier le design produit. Diplômée de l'ENSCI - Les Ateliers en 2012, elle est lauréate de la Design Parade à la Villa Noailles à Hyères en 2013 et séjourne à la Villa Kujoyama à Kyoto au Japon en 2017. Elle collabore avec différents éditeurs, dont Nodus Rug. Ses créations sont présentes dans les collections nationales du Cnap et dans celles de plusieurs musées : le Swiss Institute de New York, le Mudam au Luxembourg, la SEEDS Gallery à Londres, le Centre Pompidou, le musée des Arts décoratifs et le musée d'Art moderne de Paris, ainsi que le musée des Arts décoratifs et du Design à Bordeaux. Laureline Galliot se définit comme designer-ensemblier. Elle envisage toutes les surfaces comme des supports à son expression plastique et picturale. Elle ne connaît ni les frontières entre disciplines, ni les limites, au sens où sa peinture digitale est proliférante et joue avec l'idée du décoratif. Sa curiosité se nourrit autant du fauvisme ou de la Sécession viennoise que des arts populaires et des méthodes artisanales.