les presses du réel

Orientalismes

Nouvelle monographie de l'artiste peintre béninois.
Ce livre se concentre sur la série « Orientalismes » de Roméo Mivekannin dont les œuvres créent un théâtre, où le public est invité à rejouer l'histoire à sa manière, à se réapproprier les représentations dont il a pu être l'objet. L'artiste choisit de s'inviter là où ne l'attend pas et de déjouer la place qui lui a été assignée. Il s'introduit comme par effraction dans l'espace de la peinture classique européenne, plastiquement par son autoportrait, symboliquement par le renversement que cette réinterprétation implique, d'un regard subi à un regard choisi. Un texte de la professeure Gil Z. Hochberg accompagne les œuvres, pour une mise en contexte et meilleure compréhension de la série.

« De la même manière que dans ses œuvres antérieures, et fidèle à son style personnel, Roméo Mivekannin utilise ces archives visuelles historiques comme base de son travail. Les soi-disant "chefs-d'œuvre orientalistes" servent d'inspiration à sa pratique de la citation. En dialoguant avec ces œuvres historiques, occidentales et coloniales, et en se référant à elles, Roméo Mivekannin crée un nouvel ensemble de représentations qui enfreint les conventions et s'en affranchit. Sous son pinceau, les peintures orientalistes subissent une transformation radicale, même si, à première vue, cette transformation peut paraître discrète, subtile et même imperceptible. La puissance de l'œuvre de Roméo Mivekannin réside dans la manière singulière dont il reproduit soigneusement et scrupuleusement, sous une forme artistique, le caractère brutal et choquant des archives visuelles occidentales de l'époque coloniale, tout en leur insufflant des différences. Son imitation est "à la fois ressemblance et menace". Pourtant, l'intérêt de Roméo Mivekannin pour les archives visuelles occidentales de l'époque coloniale et la démarche qui consiste à les remettre en cause ne sont pas dirigés vers le passé, comme on pourrait s'y attendre. Son œuvre ne vise pas à tenir un registre des atrocités passées. Elle revient sur le passé de manière active, à des fins d'auto-émancipation psychologique et politique. Les artistes orientalistes ne sont pas au centre de l'œuvre, mais sont la référence citationnelle à partir de laquelle l'artiste créé une nouvelle archive visuelle anticoloniale pour le présent. »
Gil Z. Hochberg
Né en 1986 à Bouaké (Côte d'Ivoire), Roméo Mivekannin vit et travaille entre Toulouse (France) et Cotonou (Bénin). Après une formation en ébénisterie puis des études d'Histoire de l'art, Roméo Mivekannin choisit d'intégrer l'Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Toulouse. Parallèlement à ses études, il développe un travail personnel de création plastique, et expérimente plusieurs médium, de la sculpture à la peinture. À la suite de ses études, il se consacre à son activité de plasticien tout en commençant une thèse entre histoire de l'art, sociologie et architecture. 
Au croisement de la tradition héritée et du monde contemporain, Roméo Mivekannin intègre ses créations au sein d'une temporalité ancestrale, fabriquant ses propres rituels, en écho à la cosmologie vaudou, très présente au Bénin. Entre peinture, sculpture et installation, son univers est pluridisciplinaire et ambitieux. L'artiste joue avec les matières et cherche à bousculer les frontières établies entre les disciplines, afin d'opérer tant formellement que symboliquement un acte d'effraction qui lui est propre.
Avec force et subtilité, l'artiste défait chaque fois un peu plus les fils de nos enfermements, et interroge ainsi nos héritages, collectifs et intimes. Les œuvres de l'artiste proposent une forme de stratégie de résistance qui mêle l'émotion au regard critique.
Edité par Suzanne Vogel-Tolstoï. Texte de Gil Z. Hochberg.

Conception graphique : Fakepaper.
 
2024 (parution prévue au 3e trimestre)
édition bilingue (français / anglais)
21 x 26,5 cm (relié)
146 pages (ill.)
 
à paraître
thèmesRoméo Mivekannin : autre titre



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