Cabanes (vinyl LP)

Près de sept ans se sont écoulés depuis la sortie d'« Alpestres », l'impressionnant premier album de Matthias Puech sur Hands in the Dark.
Alors que cette première expérience nous emmenait dans un voyage mystique à travers des paysages fictifs fascinants, « Cabanes » laisse son récit se dérouler dans un espace confiné : huit pièces ressemblant chacune à de petites structures ou à des abris de fortune qui, tout en enveloppant et en isolant l'auditeur, restent ouvertes sur leur environnement. Il ne s'agit pas seulement d'intérieurs, mais d'espaces façonnés à la main qui nous permettent de mieux comprendre le monde. Ils laissent cependant la lumière de l'extérieur s'infiltrer, nous rappelant à la réalité.
Selon Matthias Puech, chaque composition contient une histoire en deux parties distinctes qui sont à la fois claires et étrangement interconnectées. La première tourne souvent autour des aspects anecdotiques et tangibles du « jeu » instrumental, mettant en scène une exploration technique avec ses outils, la découverte de sons dans une bibliothèque et les rencontres fortuites qui les ont inspirés. La seconde partie, en revanche, se penche sur l'état d'existence plus insaisissable et plus profond que l'artiste français a expérimenté en s'engageant avec ces sons, en réfléchissant aux moments où il les a écoutés et réécoutés, les jugeant finalement dignes d'être des compagnons de vie. Ces deux récits, peut-être remodelés au fil du temps comme des souvenirs lointains, interagissent d'une manière qui peut s'opposer ou se compléter, créant un impact durable sur l'expérience d'écoute.
Un aspect important du processus de composition consiste à se distancier de ces liens avec la création, ce qui permet de redécouvrir un état d'écoute libre de toute influence émotionnelle préalable, que l'on pourrait qualifier d'écoute « pure ». Cette méthode permet de transformer une séquence d'événements en un récit indépendant de l'intention initiale, pour aboutir à un objet universel. Après avoir passé beaucoup de temps à tenter d'induire une forme d'amnésie pour reconstruire un récit artificiel, Matthias Puech a finalement choisi de renoncer à cette quête. L'album s'intitule donc « Cabanes » : des structures fragiles dont la conception reflète clairement l'intention qui a présidé à leur création et qui présentent tous les signes d'un travail artisanal minutieux.