A l'instar d'autres artistes de sa génération, il s'agit pour Aloïs Godinat (né en 1978, vit et travaille à Lausanne)
de recommencer sans renier, d'utiliser sans citer, de proposer sans
contraindre et d'interroger sans discourir. Affiches recollées, objets
obsolètes reconstruits et instruments génériques (tiges, bâtons, etc.)
pointant un usage potentiel, constituent formes et gestes, car un double paradigme, musical
et performatif, sous-tend sa pratique, tout comme celles, notamment,
de l'Américaine Trisha Donnelly ou du duo américano-cubain
Allora &
Calzadilla.
Cette dualité est présente dans les œuvres autant que dans les
concepts employés (amplification, répétition, partition, registre, jeu,
etc.). En ce sens, Aloïs Godinat dispose en quelque sorte d'un héritage
pacifié : lui
qui dit s'intéresser au « design » des toiles de
Christopher Wool et d'
Ed Ruscha peut approcher la question de l'
appropriation sous l'angle
musical (comme le fit, en son temps, son aîné
Francis Baudevin) et celle
de l'
art conceptuel sous l'égide performative de
Fluxus.