En écho au « Tri », une sélection rétrospective qui lui est dédié au Mac de Marseille, ce catalogue donne à voir et à lire le parcours poétique de Julien Blaine, sa relation au politique et sa recherche incessante des écritures originelles. Le geste, le souffle, l'énergie… voilà ce qui caractérise la parole de Julien blaine. Initiateur de la poésie séméotique, puis de la poésie élémentaire, producteur de poèmes en chair et en os, il parcourt le monde depuis près de 50 ans (1/2 siècle) à la recherche des écritures originelles. Que ce soit à travers ses textes, ses images, ses installations, ses actions… la poésie de Julien Blaine est en constante connection au monde, dans un rapport étroit au politique et dans une relation directe au lecteur. Car pour Julien Blaine, la poésie est une arme, un outil permettant de s'opposer à nos civilisations monothéistes totalitaires, aliénantes et criminelles. Ce catalogue, abondamment illustré et documenté, publié à l'occasion de la grande rétrospective qui lui est dédié au Musée d'art contemporain de Marseille (du 6 mai au 20 septembre 2009), propose un itinéraire de Julien Blaine et permet de mieux situer cette œuvre foisonnante dans sa multitude et son originalité.
Publié à l'occasion de la rétrospective de l'artiste au MAC – Musée d'art contemporain de Marseille du 6 mai au 20 septembre 2009.
Dès le début des années 1960, Julien Blaine (né en 1942 à Rognac, vit et travaille à Marseille) propose une
poésie sémiotique qui, au-delà du mot et de la lettre, se construit à partir de signes de toutes natures. Forcément multiple, il se situe à la fois dans une lignée post-
concrète (par son travail de multiplication des champs sémantiques, en faisant se côtoyer dans un même espace des signes – textuels, visuels, objectals – d'horizons différents) et post-
Fluxus (dans cette attitude d'une poésie comportementale, où est expérimentée à chaque instant la poésie comme partie intégrante du vécu). Mais avant tout, la poésie s'expérimente physiquement : elle est, d'évidence,
performative. Ses performances sont nombreuses, qui parfois le mettent physiquement en péril (
Chute, en 1983, où il se jette du haut des escaliers de la gare Saint-Charles à Marseille : violence de cette dégringolade incontrôlable, et la réception, brutale, au sol, quelques centaines de marches plus bas… puis Julien Blaine met son doigt sur la bouche et, sous l'œil d'une caméra complice cachée parmi les badauds médusés, murmure : « chuuuuut ! »). Mise en danger du corps, et mise en danger du poète, qui toujours oscille entre grotesque et tragique, dans une posture des plus fragile, car « le poète aujourd'hui est ridicule ». Performances, livres, affiches, disques, tract, mail-art, objets, films, revues, journaux… sa production est multiple, mêlant éphémère et durable, friable et solide. Pas un outil, un médium qui ne lui échappe. Mais rien qui ne soit achevé, arrêté. Car pour Julien Blaine la poésie est élémentaire, tout ce qu'il produit est fragment, indice d'un travail toujours en cours, document d'un chantier poétique à chaque instant renouvelé. Tous ces « résidus » doivent être lus en soi et en regard de ce qui nous entoure.
Blaine fut le cofondateur de
Libération avec ses amis de l'
Agence de Presse Libération et de
Géranonymo, directeur de
l'Autre-Journal avec son ami Michel Butel, fondateur de
Doc(k)s, la revue internationale des poésie d'avant-gardes.
Sous son patronyme Christian Poitevin, il fut adjoint à la culture à Marseille de 1989 à 1995.
Et sous le nom de Jules Van, il procéda à l'art du boycott, du vol, de la perruque et du sabotage ici & là.