Pour un art des contre-visualités : à la frontière des arts et des « surveillance studies », cet ouvrage analyse le rôle technopolitique des nouvelles « machines de vision » et envisage la sousveillance comme un contre-pouvoir démocratique.
A l'heure où s'instaure une banalisation de la surveillance, les technologies numériques semblent parfois mises au service d'une politique « antisociale ». La recrudescence des dispositifs de contrôle post-attentats du 11 septembre 2001, l'instauration controversée des lois dites de « sécurité globale », mais aussi l'injonction au confinement ou au couvre-feu suite à l'irruption de la pandémie de covid-19, ont constitué autant de mesures liberticides qui mettent à mal les droits fondamentaux et la vie privée. Sous couvert d'une vigilance partagée, présentée comme un facteur d'amélioration de la vie sociale, les états ont adopté des technologies de plus en plus intrusives : vidéosurveillance, dataveillance, drones, biométrie, géolocalisation, puces RFID, etc. Dans ce contexte, des artistes et des associations citoyennes s'associent pour développer des contre-feu, reprendre le contrôle ou renverser les rôles de surveillants/surveillés. Est-il possible de restituer et garantir une démocratie de la surveillance ? Les citoyens peuvent- ils exercer en ce sens un droit de sousveillance ? L'art peut-il avoir ici un rôle à jouer ?
Angles morts, camouflage, obfuscation, contre-visualités : cet ouvrage propose l'examen de tactiques ou ruses avec l'œil du pouvoir, doublement esthétiques et politiques, au croisement de l'art et de l'activisme citoyen. A la frontière des « surveillance studies », en prenant appui sur les œuvres de différents artistes internationaux –
Hito Steyerl (Allemagne), Forensic Architecture (Royaume-Uni, Israël),
Paolo Cirio (Italie), Thierry Fournier,
Samuel Bianchini, Antoine d'Agata, Eléonore Weber (France) – il s'agit d'interroger le rôle technopolitique des « images opératoires » et les pratiques de sousveillance ou de contre-visualité inventées par l'art comme alternative et contre-pouvoir aux machines de vision.
« L'extension de la surveillance policière s'accompagne d'une augmentation symétrique des restrictions opposées à la sousveillance (mot forgé par l'artiste Steve Mann en 1998), c'est à dire à la contre-surveillance : la surveillance par les citoyens des autorités de contrôle et de discipline auxquelles ils sont soumis. Ce que démontre de manière convaincante le livre de Jean-Paul Fourmentraux, c'est qu'à divers niveaux et avec des procédés variés, ce sont souvent les artistes qui se placent à l'avant-garde de l'observation et de la critique active de cette dissymétrie. »
Jean-Noël Lafargue,
Critique d'art
« Un état des lieux de ces pratiques où les consciences activistes défient l'ordre établi et alertent sur les dérives autoritaires des États et multinationales, toujours plus prompts à vouloir soumettre les peuples. »
Pierre Morio,
Beaux Arts Magazine