les presses du réel

Roven n° 05 – Printemps-été 2011

extrait
Edito
Pulsion du dessin : les déplacements du regard
(p. 5)


Dessiner consiste à aller d'un endroit à un autre, dit Vija Celmins. C'est aussi à maints égards ce qui se produit lorsqu'il s'agit de composer le sommaire d'une revue. On ne peut que soupçonner, au départ, les destinations de ce voyage. Des trajets, des lignes se dessinent autant qu'elles s'écrivent dans la présente livraison de Roven, en regard de la création actuelle, parfois plus ancienne. La problématique de l'empreinte en particulier y court en filigrane, et dans toute sa polysémie : quand la surface corporelle se substitue à la page, quand le dessin reprend pour lui-même la révélation photographique ou qu'il devient un outil de mémoire pour rendre l'insaisissabilité d'un moment de rêve. Les espaces que l'on propose ici de traverser répondent parfois à des impulsions. Nous nous sommes intéressées en particulier à la tentation érotique du dessin, aux interprétations et aux sensations liées à ce thème, à la pulsion scopique de l'acte de dessiner comme à l'éveil sensuel que le dessin suscite potentiellement. Le dossier ouvre un champ d'hypothèses à partir de démarches individuelles et pour le moins intimes. Cette dimension intimiste n'exclut pas, ailleurs, l'exploration du collectif, parfois refoulé, au travers de thèmes comme la guerre ou l'enfance, au moment où une vie nouvelle s'annonce. Ces détours invitent à différentes formes de l'errance, de migrations, qu'elles soient intérieures ou plus proprement géographiques. Ils impliquent non seulement le regard, mais aussi le corps tout entier, ultime point d'arrivée.

Johana Carrier et Danielle Orhan


 haut de page