les presses du réel

Faire art comme on fait sociétéLes Nouveaux commanditaires (+ 2 DVD)

table of contents
Introduction
Thomas Schlesser

Historien de l'art, journaliste


1 : TERRAIN

1.1 / « Parce que je me sentirais autorisé à cela maintenant… »
Isabelle Stengers

Philosophe, professeure à l'Université libre de Bruxelles
Le dispositif des Nouveaux commanditaires invite chacun à penser et à se réapproprier ce qui le concerne. Expérience politique, c'est un processus qui prend du temps et implique un passage de relais : à celui qui le prend de déterminer ce qu'il en fera.

1.2 / Le percept de Blessey
Armin Schäfer

Professeur de littérature allemande et d'histoire culturelle des media à l'Université de Hagen (Allemagne)
Le devoir de l'artiste est de donner à percevoir. Dans la stratégie engagée par Rémy Zaugg à Blessey (action des Nouveaux commanditaires), les fonctions pratiques et sociales du lavoir, qui autrefois déterminaient la perception qu'on en avait, cèdent la place à la perception elle-même, mais une perception libre, détachée des savoirs et des habitudes, le percept.

1.3 / D'une convenence ouvrant à de nouveaux possibles
Dimitri Lorrain

Historien de l'art attaché au Centre de Recherches sur les Arts et le Langage de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales à Paris, co-coordinateur de l'équipe « Littératures et Anthropologie » (Laboratoire d'Anthropologie Sociale – Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales – Collège de France)
À partir de la théorie artistique développée à la Renaissance par Alberti et fondée sur la catégorie latine de convenientia, l'auteur analyse l'œuvre de Rémy Zaugg à Blessey dont le processus d'apparition conduisit les sujets et la communauté vers une liberté individuelle et collective. : l'occasion de créer un « vivre ensemble » démocratique , à travers la recherche d'une harmonie esthétique et culturelle, sans pour autant exclure le conflit.

1.4 / La morgue bleue. L'historienne de l'art en citoyenne
Annie Claustres

Historienne de l'art, conseillère scientifique en histoire de l'art contemporain XXe-XXIe siècles à l'Institut National d'Histoire de l'Art, maître de conférences à l'Université de Lyon 2.
L'étude de l'œuvre (action Nouveaux commanditaires) d'Ettore Spalletti à l'hôpital de Garches, insiste sur une fonction essentielle de l'art : donner à la mort sa dignité, par la beauté et le cérémonial.

1.5 / La Renaissance fait écran
Patrick Boucheron

Historien, professeur à l'Université de Paris 1 Panthéon- Sorbonne.
S'intéressant aux enjeux de pouvoir entre artiste et commanditaires, le texte revient sur l'idée de la Renaissance italienne suivant laquelle l'artiste ne saurait être tenu pour tel s'il n'affirmait pas en dernier ressort son autorité.

1.6 / Conversation avec Patrick Berger
Patrick Berger

Architecte
Xavier Douroux
Historien de l'art, médiateur pour les Nouveaux commanditaires au sein du centre d'art contemporain, le Consortium à Dijon
Anne Pontégnie
Historienne de l'art, commissaire d'exposition indépendante
Dans toute réalisation architecturale se pose la question de la convergence des intérêts des différents acteurs. Le protocole des Nouveaux commanditaires a ceci de particulier que le médiateur engage chacun à prendre ses responsabilités, et notamment à assumer des choix qui ne sont pas forcément consensuels.

1.7 / Ceux qui insistent. Les Nouveaux commanditaires
Vinciane Despret

Philosophe, maître de conférences à l'Université de Liège
L'art permet de « fabuler » le passé, pour mieux l'honorer. En permettant de faire exister ceux dont l'existence est précaire ou pourrait paraître terminée, il permet aux vivants de mieux vivre au présent.

1.8 / Luciano Fabro à Genk
Yoann Van Parys

Artiste, écrivain, critique d'art, co-fondateur de l'association (SIC) (plateforme éditoriale et curatoriale pour l'histoire de l'art du XXe et XXIe siècle)
Présentation de l'œuvre de Luciano Fabro sur la place de l'hôtel de ville de Genk : une colonne de style dorique archaïque, en marbre blanc de Carrare, interrompue en son centre par une pierre noire brute qui célèbre par sa couleur et son origine – elle a fait le voyage depuis l'Italie – la mémoire des émigrants italiens venus travailler dans les mines de charbon de Genk au XXe siècle.

1.9 / Entretien avec John Armleder
John Armleder

Artiste
Jean-Paul Fourmentraux
Sociologue, maître de conférences à l'Université de Lille 3, chercheur associé à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales de Paris
Auteur d'une œuvre pour la chapelle des charcutiers à l'église Saint-Eustache de Paris, Armleder témoigne que le processus de l'action Nouveaux commanditaires l'a conduit à faire évoluer favorablement son projet et insiste sur le fait que les commanditaires sont restés très respectueux de l'autorité de l'artiste, tout en ayant été très impliqués.

1.10 / L'art à l'épreuve de l'intérêt général
Jean-Paul Fourmentraux
, ibidem
La « mise en œuvre d'art » initiée par les Nouveaux commanditaires accroît la valeur d'usage de l'art tout en permettant aussi à l'artiste de mieux cerner son appartenance à la société. Une fois l'œuvre réalisée, l'approche de l'auteur juge essentiel que les commanditaires deviennent à leur tour les médiateurs de l'œuvre auprès d'une communauté plus large.


2 : CHANTIER


2.1 / Comment relire Tocqueville ?
Laurence Bertrand-Dorléac

Historienne de l'art, professeure à Sciences Po Paris.
Du pouvoir des élites à celui des artistes, jusqu'à celui de tous. Interrogations sur les concepts de démocratie et d'art.

2.2 / Plaidoyer pour un art responsable. Création, marché, public
Antoine Hennion

Sociologue, directeur de recherche au Centre de Sociologie de l'Innovation (Ecole Nationale Supérieure des Mines de Paris – Centre National de la Recherche Scientifique)
Le processus d'autonomisation du créateur s'est accompagné de sa déresponsabilisation : il est devenu impossible de juger l'œuvre, au nom de l'absence de tout critère stable d'évaluation. Or l'autonomie n'a de sens que couplée avec son pendant nécessaire, la responsabilité : l'artiste a la responsabilité de faire advenir des mondes, il fait un art non pas sans objet, mais un « art pour… », un art en suspension, débattu, public, ouvert, un art qui ne connaît pas à l'avance son objet mais le découvre avec l'autre.

2.3 / De la vie sociale de l'œuvre d'art.
Martin Warnke

Historien de l'art
La vie sociale de l'œuvre d'art – le fait qu'elle ait traversé les siècles, passant de regard en regard, de main en main - garantit sa valeur et légitime qu'il lui soit offert, dans un deuxième temps, une existence protégée au sein des musées. Les acteurs de l'art aujourd'hui, qui parfois font en sorte qu'une œuvre tout juste créée intègre un musée, ne devraient pas l'oublier.

2.4 / De la chose au médium. La philosophie de la technique de Simondon comme programme politique
Henning Schmidgen

Philosophe, professeur à l'Université de Ratisbonne (Institut pour l'information et les media, le language et la culture)
Au lieu de continuer à se comprendre, de manière anachronique, comme des individus confrontés aux machines, menacés ou libérés par elles, les hommes devraient se positionner comme témoins et interprètes de leurs difficultés, comme médiateurs de leurs relations les uns avec les autres, notamment les écrivains, artistes et autres représentants de la pensée.

2.5 / Créer la musique : auf… de Mark Andre à la Philharmonie de Berlin
Denis Laborde

Ethnologue, directeur de recherches au Centre National de la Recherche Scientifique (Centre Georg Simmel de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales de Paris)
La création musicale implique, par le temps long de la composition, puis la nécessité de porter l'œuvre en concert et de la faire vivre, la nécessité de la commande (apport de fonds) et l'implication d'un grand nombre d'acteurs (musiciens, mais aussi programmateurs et directeurs de salles). La réussite dépend de l'implication de chacun et de la confiance placée dans les capacités de l'autre.

2.6 / Le ressac des volitions. Une théorie de la médiation
Helmut Draxler

Théoricien de l'art, professeur à l'Académie des Beaux-Arts de Nuremberg
C'est dans leur manière d'être étranges, immédiates et ratées que les pratiques de la médiation deviennent productives.

2.7 / Enquêtes sur l'autorité de l'art : le tournant conceptuel
Patricia Falguières

Historienne de l'art, professeure à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales de Paris
Les conceptuels ont mis à l'écart le « je » de l'artiste, comme les minimalistes avant eux, mais en outre ont redéployé l'œuvre vers son “destinataire”, lecteur ou spectateur.

2.8 / Tom et Goliath
Keller Easterling

Architecte, urbaniste, professeure à l'Ecole d'architecture de Yale
Plaidoyer pour des mécanismes d'action ouverts, autrement dit basés non sur l'identité et le positionnement idéologique supposés des acteurs, mais sur la coopération entre individus des « divers camps », sur la collusion avec « l'ennemi », sur les compromis, le don, la ruse, l'humour.

2.9 / L'animatronique communiste
John Kelsey

Critique d'art, directeur de galerie, membre du collectif d'artistes Bernadette Corporation
Au lieu de considérer que l'œuvre n'est rien d'autre qu'une habile démonstration de créativité qui se déploie dans les cyberréseaux et les réseaux sociaux de la communication la plus efficace, nous devons préférer le concept d'une œuvre capable de nous confronter à nos propres limites, à ce qui est nous ext extérieur ou aux buts visés par l'artiste, mais en tout cas susceptible de détourner notre attention du non-contexte communicationnel global et de nous faire goûter la joie du désœuvrement.


I–XVI Les Nouveaux commanditaires : des Acteurs & des Œuvres


3 : FONDATION


3.1 / Commande, marché et liberté. Un échange entre Joseph Leo Koerner et Bruno Latour
Joseph Leo Koerner

Historien d'art, professeur à l'Université d'Harvard
Bruno Latour
Philosophe, anthropologue, professeur à Sciences Po Paris
Analyse des modèles du marché et de la commande à travers le type de liens qu'ils instituent entre offre et demande d'art : quelle liberté pour l'artiste, quel art ? quel public ?

3.2 / À propos de la relation entre mécène et artiste. Commentaires sur un modèle de relation pouvant s'appliquer au scientifique
Meyer Shapiro (1904-1996)

Historien de l'art
Le scientifique, tout comme l'artiste, ne peut espérer trouver sur le marché une valorisation immédiate des résultats de ses recherches. Il se satisfait en général d'un salaire en travaillant au sein d'une entreprise ou d'une institution. On pourrait en appeler à l'idéal-type de la relation mécène-artiste et souhaiter que la liberté laissée au scientifique soit aussi grande que celle de l'artiste. En réalité, la relation artiste-mécène ou artiste-marchand n'a jamais été une relation désintéressée, sauf exceptions.

3.3 / Interaction réciproque entre un tableau de Gentille da Fabriano (1420) et les Nouveaux commanditaires (2012)
Alexander Nagel

Historien de l'art, professeur à l'Institut des Beaux-Arts de l'Université de New York

3.4 / « … me fecit », la fabrique et l'imagier. Remarques médiévales à propos du réseau de production artistique
Éric Hold

Doctorant en histoire de l'art (Université Humboldt, Berlin et Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris)
Mise en évidence de l'analogie entre le système de production artistique médiéval et la procédure des NC : dans le premier cas, le vœu de pénitence et d'intercession poussait régulièrement la population à contribuer aux chantiers des églises, soit par des dons, soit par leur travail ; de même, avec les NC, le public est impliqué dans la création. Cet engagement explique le lien que le public tisse dans les deux cas avec l'œuvre, et qui l'amène à s'interroger sur soi-même et la société. Là est le véritable pouvoir des objets artistiques.

3.5 / Les anciens commanditaires. Art et collectif : contribution à une histoire d'avant le mécénat moderne
Bernd Roeck

Historien, professeur à l'Université de Zurich
Analyse des principales motivations et des divers acteurs du mécénat d'art à la Renaissance : pour les gens de richesse, devoir de magnificence ; pour les gens de pouvoir, devoir de donner du travail au peuple et propagande ; pour tous (car le peuple et les petites corporations et confréries faisaient aussi du mécénat), devoir de faire des bonnes œuvres pour gagner la miséricorde de Dieu. Parallèlement à cet art de commande, naît progressivement un marché de l'art, où s'échangent anonymement les œuvres. Peu à peu, ce système va remplacer l'autre, en même temps que les œuvres ne seront plus uniquement religieuses, et que la figure de l'artiste libre face au commanditaire va s'imposer. Ce qui ne signifie pas qu'il ne restera pas soumis aux contraintes économiques.

3.6 / Comment l'art façonne-t-il un public ? Les souscriptions en France à la fin du XVIIIe siècle
Charlotte Guichard

Historienne, chargée de recherche au Centre National de la Recherche Scientifique (Institut de Recherches Historiques du Septentrion à l'Université de Lille 3)
Par rapport à la commande privée qui prévalait sous l'Ancien Régime et correspondait à une économie de l'art aristocratique, la souscription, apparue au début du XVIIIe siècle, rassemble un public plus large et plus diversifié socialement, autour du financement d'un projet commun, artistique ou scientifique, qui peut s'éloigner des diktats des institutions savantes traditionnelles, devenant ainsi un support de l'innovation culturelle et technique.

3.7 / « Varech, botanique et politique : les savoirs de commande et la fin des communs (Normandie, fin de l'Ancien Régime) »
Jean-Baptiste Fressoz

Historien, maître de conférences au Collège Impérial de Londres (Centre d'histoire de la science, de la technologie et de la médecine) La naissance de l'expertise au XVIIIe siècle a remis en cause les usages des ressources naturelles jusque-là définis par des coutumes pluriséculaires. L'expérience montre pourtant que la neutralité de l'expert comme ses savoirs sont faillibles

3.8 / La Mort de Marat par Jacques-Louis David : l'artiste et le peuple en 1793
Philippe Bordes

Historien de l'art, professeur à l'Université de Lyon 2 (Centre National de la Recherche Scientifique – Laboratoire de Recherche Historique Rhône-Alpes)
Analyse des attentes politiques, artistiques et sociétales qui se cachent derrière la commande publique et la question de la liberté de l'artiste.

3.9 / Au-delà de la « République des arts » : les artistes, l'État et le marché au XIXe siècle
Neil McWilliam

Historien de l'art, professeur à l'université Duke de Durham (Caroline du Nord)
Comment les divers courants politiques qui ont traversé le XIXe siècle ont-ils considéré les objets d'art – biens d'agrément ou de prestige social versus biens publics – et les artistes – rôle social, édification du peuple ou limitation des velléités contestataires versus indépendance artistique – et les moyens de leur subsistance – mécanismes de sélection, soutien public, mécénat, marché.

3.10 / La prolifération des sculptures dans l'environnement urbain au XIXe siècle
Alain Bonnet

Historien d'art, professeur à l'Université Pierre Mendès-France, Grenoble 2 (Centre National de la Recherche Scientifique – Laboratoire de Recherche Historique Rhône-Alpes)
La Troisième République démocratisa la statuaire monumentale, élargissant le spectre des figures honorées, mais aussi diversifiant les modes de financement et de sélection des œuvres. Malgré tout, les commandes restèrent concentrées entre les mains de quelques sculpteurs académiques, déjà reconnus.

3.11 / « Se mouvoir au sein même du tableau », Kandinsky et les commandes de peintures murales
Christine Mehring

Historienne de l'art, professeure à l'Université de Chicago
Les quelques commandes auxquelles répondit Kandinsky au cours de sa carrière, loin de revêtir un aspect purement décoratif, lui permirent d'avancer dans sa volonté de révéler la transcendance du monde et assirent sa conception de l'abstraction.

3.12 / Formes et significations du contrat de commande dans la société est-allemande (1949-1989)
Jérôme Bazin

Historien et historien de l'art, Université de Paris-Est Créteil
La commande dans la société est-allemande était vue par les autorités politiques comme le moyen qui devait permettre d'instaurer une relation entre artistes et ouvriers, et de les situer sur un plan d'égalité. En réalité, la mise en relation d'individus aux points de vue divergents ne peut suffire à rapprocher deux mondes.


4 : CONSTRUCTION


4.1 / Répondre à une commande. Un problème moral et politique
Emilie Hache

Philosophe, maitre de conférences à l'Université Paris Ouest Nanterre la Défense (laboratoire Sociologie Philosophie Anthropologie Politiques)
Le protocole des Nouveaux commanditaires crée les conditions pour qu'un public passe commande et participe à l'avènement de l'œuvre ; c'est-à-dire qu'il expérimente sa puissance d'agir, tout comme l'artiste. De cette rencontre naît la raison d'être de l'art. En cela, il est à la fois politique et moral.

4.2 / Art moderne et démocratie
Krzysztof Pomian

Directeur de recherche honoraire au Centre National de la Recherche Scientifique, Histoire de la culture européenne, Histoire des collections et des musées. Professeur émérite Université Nicolas Copernic, Torun, Pologne, directeur scientifique, Musée de l'Europe, Bruxelles.
La remise en cause par la procédure des NC de la hiérarchie artistique et sociale - laquelle avait résisté même à l'apparition des avant-gardes du XXe siècle – s'opère par la possibilité de l'expression d'un besoin ou d'un désir d'art indépendamment de toute position de puissance. Non seulement cela change la condition de l'art dans nos sociétés, mais aussi cela accroît l'espace démocratique petit à petit, à l'échelle de chaque projet, en donnant à chacun la maîtrise de son environnement visuel.

4.3 / Politiser, économiser la commande
Fabian Muniesa

Chercheur en sciences sociales, Centre de sociologie de l'innovation (CSI), Mines ParisTech.
Le dispositif des NC met au jour, voire accentue les considérations politiques et économiques qui accompagnent toute production d'œuvre, en permettant le débat libre sur son sens et son coût. Ces considérations, loin d'interférer avec ce que devrait être un art « pur », participent de la raison d'être de l'œuvre.

4.4 / Remarques sur les rôles des publics, avant l'œuvre d'art, et après
Joëlle Zask

Enseignant-chercheur, département de philosophie de l'Université d'Aix-Marseille
À travers le dispositif des NC apparaît la figure d'un public qui n'est pas défini exclusivement par ce qu'il pense ou ce qu'il ressent face à une œuvre, donc par son « goût », mais par des actions concrètes et précises qui vont participer à la création de l'œuvre. En contrepartie, les commanditaires doivent s'engager dans la question du devenir des œuvres, placées sous leur responsabilité, directe ou indirecte.

4.5 / Le désir comme « vertu civile ». Réflexions sur le rapport entre art, démocratie et espace public en Italie
a-titolo

Collectif d'historiennes de l'art à Turin et commissaires d'expositions (Francesca Comisso, Giorgina Bertolino, Lisa Parola, Luisa Perlo). Médiatrices pour les Nouveaux commanditaires.
L'espace public en Italie est devenu ces dernières années un espace de plus en plus contrôlé et fermé. Les actions NC entreprises ont tenté un mouvement inverse : concevoir quelque chose ensemble dans un esprit d'ouverture à l'autre.

4.6 / Les multitudes de l'art
Frédéric Lordon

Economiste, Directeur de recherche au Centre National de la Recherche Scientifique (CESSP, Université Paris-1 La Sorbonne)
Les « petites » multitudes des NC réalisent cette chose qui devrait être évidente et qui est en fait inouïe : elles se réapproprient leur propre puissance. Ce faisant, c'est toute l'économie générale de la capture du pouvoir de la multitude par ceux d'en haut que subvertissent les NC.

4.7 / Penser les Nouveaux commanditaires
Christian Joschke

Historien de l'art, Université Paris Ouest-Nanterre- La Défense
L'action des NC, en portant l'art contemporain dans les zones jugées périphériques, en instituant le partage de la décision, remet en cause les schémas de pensée et de légitimation traditionnels. Si l'œuvre ainsi créée transforme la société, c'est tout simplement parce que sa production transforme les publics en les intégrant dans un processus de conception et de réalisation non formalisé au départ.

4.8 / Les Nouveaux commanditaires : pour les sciences aussi ? Entretien avec Bruno Latour
Bruno Latour
, ibidem
Anne Pontégnie, ibidem
Xavier Douroux, ibidem
Serait-il possible de concevoir un protocole du type Nouveaux commanditaires dans le domaine de la science, qui permettrait d'aller au-delà du processus de simplification opéré par l'expert et de la simple recherche de compromis ?

4.9 / Les Nouveaux commanditaires et l'intégration d'un autre possible
Pascal Gielen

Tant que l'art contemporain incarnera un autre possible permanent, il donnera du fil à retordre à n'importe quelle société. Les NC, en rapprochant l'art des communautés locales, le font entrer dans la vie et mieux comprendre.

4.10 / Les Nouveaux commanditaires, le public et ses problèmes
Sylvie Amar

Historienne de l'art, Médiatrice artistique pour les Nouveaux commanditaires au au sein du Bureau des compétences et désirs, Marseille. Responsable du Département production culturelle au MuCEM (Musée des Civilisation d'Europe et de la Méditerranée).
Anastassia Makridou-Bretonneau
Historienne de l'art, médiatrice artistique pour les Nouveaux commanditaires au sein de l'association pour l'art contemporain Eternal Network, Tours, et du Bureau des compétences et désirs, Marseille
Réflexion sur l'idée d'intelligence collective, qui naît de l'expérience, autrement dit de l'interaction entre artiste, médiateur et public et des actions qui en résultent.

4.11 / Faire société. Fabrique de l'art, fabrique de nouvelles relations à soi
Karin Harrasser

Academy of Media Arts Cologne
Le mode particulier de collaboration au sein des projets des Nouveaux commanditaires représente un mode spécifique et extrêmement productif du « faire comme », du « comme si ». Faire comme si on allait arriver à quelque chose, alors que rien n'est défini au préalable, que la recherche du consensus autour d'un but à atteindre est écartée, que les certitudes vacillent. Il y a juste un désir. Puis une progression qui prend appui sur les contraintes, les discordes et la durée. Et société se fait.

4.12 / Les Nouveaux commanditaires. Politique et société
Emmanuel Négrier

Directeur de recherche Centre National de la Recherche Scientifique au Centre d'Études Politiques de l'Europe Latine, Université de Montpellier I, directeur de la revue Pôle Sud
La grande originalité des NC est de faire du terrain, non pas le réceptacle d'une œuvre conçue ailleurs, mais le lieu de la conception qui réunit l'artiste et le collectif des « commanditaires ». Le rôle du médiateur est primordial, qui est à la fois de mettre en place les conditions des échanges entre individus mais aussi de les séparer lorsque la proximité qui s'instaure verse dans l'indifférenciation des rôles. Autrement dit, c'est lorsque chacun des protagonistes a « légèrement déplacé son point de vue » que la médiation a fonctionné, et non quand un habile négociateur est parvenu à un compromis mutuellement acceptable.

4.13 / Guattari – Les Nouveaux commanditaires et les machines mutantes de subjectivation
Nicolas Prignot

L'art qui intéresse Guattari, c'est celui qui produit des « foyers de subjectivation », c'est-à-dire de nouvelles manières de voir et d'être affecté, de vivre et de sentir, malgré le capitalisme intégré et uniformisateur. Les NC, au travers d'un processus de production collectif de l'œuvre, tentent cela.

4.14 / La commande de films : le cinéma en position critique
Jean-Michel Frodon

Critique de cinéma et écrivain. Professeur associé Sciences Po Paris (SPEAP ). Professioral Fellow University of St. Andrews. Enseignant à la Film Factory de Sarajevo.
Le cas du cinéma souligne peut-être plus que les autres arts combien l'articulation entre attente des commanditaires et liberté du geste créatif ne peut se faire qu'au travers d'un long travail d'élaboration commune, et de compréhension réciproque.


Postface
Les modalités de mise en œuvre du Protocole des Nouveaux commanditaires
François Hers

Artiste



DVD
L'art à l'avant-garde de la démocratie

Ces neuf films racontent les débuts d'un nouveau chapitre de l'histoire de l'art. Dans cette histoire, le « public » s'émancipe pour devenir commanditaire. L'oeuvre s'affranchit de ses cadres. Des agriculteurs, commerçants, médecins, enseignants, ouvriers, collégiens, retraités disent une raison d'être de l'art. Des artistes se confrontent à des contextes d'une richesse insoupçonnée ; des élus politiques délèguent à des citoyens une responsabilité publique ; des médiateurs en art contemporain découvrent qu'ils jouent un rôle d'avant-garde, tandis qu'une Fondation et ses mécènes, ainsi que des partenaires publics, apportent à chacun les moyens de s'engager librement dans cette aventure collective qu'est l'invention d'un « art de la démocratie ».

DVD 1
Les Nouveaux commanditaires de :
Marseille / 30 min
Michelangelo Pistoletto
Chaucenne / 25 min
Steven Gontarski
Bordeaux / 24 min
Claude Lévêque
Caudry / 20 min
Matali Crasset
Tours / 20 min
Xavier Veilhan

DVD 2
Les Nouveaux commanditaires de :
Blessey / 39 min
Rémy Zaugg
Turin (Italie) / 35 min
Massimo Bartolini & d'autres artistes
Garches 36 min
Ettore Spalletti
Flandres (Belgique) / 36 min
Luciano Fabro & d'autres artistes


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