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Genet et les arts

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Préface


Romancier, homme de théâtre, poète, essayiste, cinéaste, Jean Genet témoigne d'un intérêt passionné pour les arts visuels. Peu prolixe sur sa pratique de l'écriture romanesque, il s'est en revanche souvent expliqué sur sa conception théâtrale. Les textes qui accompagnent ses pièces sont bien connus (« Comment jouer Les Bonnes », « Comment jouer Le Balcon », « Pour jouer Les Nègres »), non moins que les Lettres à Roger Blin, la Lettre à Jean-Jacques Pauvert ou L'Étrange mot d'… À partir des années 1950, les écrits théoriques sur la sculpture, l'art du cirque, la peinture (L'Atelier d'Alberto Giacometti, Le Funambule, Le Secret de Rembrandt, Ce qui est resté d'un Rembrandt déchiré en petits carrés…) exposent ses conceptions en matière esthétique. « Je ne peux dire la vérité qu'en art » affirme Genet. Figure de l'écart, du détournement, paria institutionnalisé, Jean Genet a reçu un certain nombre d'hommages auprès des institutions pour le centenaire de sa naissance. Le Colloque international qui s'est tenu à l'École normale supérieure et à l'Institut du monde arabe, en 2010 (1), Jean Genet et les arts a réuni des spécialistes de littérature, de cinéma, d'histoire de l'art pour donner un éclat particulier à la voix genétienne (Michel Corvin, Françoise Zamour, Ralph Heyndels, Panayota Volti, Jérôme Neutres, Myriam Bendhif-Syllas, Fabrice Flahutez, Frieda Ekotto, Clare Finburgh, Carl Lavery, Thierry Dufrêne, Aurélie Renaud). L'écrivain Gilles Leroy, et la lecture de sa pièce, Ange soleil par les comédiens de la Comédie-Française, dirigés par le metteur en scène argentin Alfredo Arias, les actrices et acteurs Michel Fau, Layla Mettsitane, Frédéric Fisbach, Manuel Blanc, Sébastien Rajon, ont rendu hommage à Genet. Les auteurs René de Ceccatty, Gilles Sebhan, Hadrien Laroche, Kadhim Jihad Hassan ont évoqué quant à eux, leur lien à Genet tandis que conversaient deux générations de metteurs en scène, Philippe Adrien (Les Bonnes, La Comédie-Française, 1995), Antoine Bourseiller (Le Bagne, Athénée, Théâtre Louis-Jouvet, 2006), Frédéric Fisbach (Les Paravents, théâtre de la Colline, 2002), Sébastien Rajon (Le Balcon, Athénée, théâtre Louis-Jouvet, 2005). La contribution des artistes et des universitaires a permis de faire revivre une oeuvre qui ne cesse d'interroger les arts, déployant un imaginaire qui puise dans la peinture, la sculpture, le dessin, le cinéma, la photographie et la littérature. Le livre Genet et les arts rend hommage à un artiste total pour qui « donner un chant à ce qui était muet » reste le plus bel acte créatif.

Agnès Vannouvong


1 En collaboration avec Aurélie Renaud.


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