les presses du réel

Chez Dominique Perrault

Claude Rutault - Chez Dominique Perrault
Catalogue.
252. La peinture mise à plat. 1993
Définition/méthode :
Une toile tendue sur châssis, laissée brute, non préparée, posée sur deux trétaux, peut être de n'importe quelle couleur selon le matériau, lin ou coton.
Elle est placée devant une fenêtre, à hauteur de celle-ci, ou devant une baie vitrée.
La toile et l'ouverture vers l'extérieur sont dedimensions différentes. La toile ne touche pas la fenêtre. Elle est posée à quelques centimètres.
Cet état, toile brute, et cette posture, posée à plat, peut aussi bien ouvrir devant un paysage urbain que sur une montagne, la baie du Mont Saint-Michel ou la cathédrale de Rouen. Elle est adaptable aux situations les plus variées.
Le nombre de réalisations de cette proposition n'est pas limité.
C.R.
Claude Rutault (1941-2022) est un peintre conceptuel français dont l'ensemble de l'œuvre vise à une déconstruction générale des modes d'existence du tableau.
Claude Rutault ne réalise pas ses toiles lui-même, il ne les fait pas fabriquer dans son atelier, il ne supervise pas ses accrochages, il rédige par contre un ensemble de consignes, d'instructions et de recommandations appelées « définitions/méthodes ». Celles-ci sont méticuleusement suivies par un collectionneur, un musée ou une galerie qu'il appelle les « preneurs en charge » et qui s'attellent à les « actualiser ».
L'origine de sa réflexion naît en 1973, lors de la mise en peinture des murs de sa cuisine, pendant son aménagement dans sa nouvelle maison. Il repeint dans la foulée une des toiles qui s'y trouve pour la raccrocher ensuite. Depuis, il réfléchit et approfondit la portée de son acte. Sa première « dé-finitions/méthodes » (1973) porte le numéro 1 : toile à l'unité « une toile tendue sur châssis peinte de la même couleur que le mur sur lequel elle est accrochée. Sont utilisables tous les formats standards disponibles dans le commerce, qu'ils soient rectangulaires, carrés, ronds ou ovales. L'accrochage est traditionnel. »
Ses toiles ont une durée de vie limitée. En effet, si le « preneur en charge » vient à décider de la déplacer ou de repeindre le mur sur lequel elle est accrochée, il sera obligé d'en faire de même pour la toile et lui donnera par conséquence une nouvelle identité, il la « réactualise ». Les consignes des « définitions/méthodes » sont claires, courtes et simples. Leurs exécutions dépendent uniquement du « preneur en charge ». Leurs interprétations, le suivi des consignes, les formes, les couleurs, l'emplacement, le contexte, participent à l'absence de maîtrise que Rutault a sur elles. Ces paramètres sont imprévisibles, liés uniquement au « preneur en charge » et ne peuvent pas être anticipés. Si ses toiles évoluent de manière imprévue, le « preneur en charge » devra en avertir Rutault. Au fil de temps, il a dû accepter que ses toiles aient leurs propres chemins et leurs propres existences. Elles évoluent sans balises, sans contrôle de sa part. Ses « définitions/méthodes » ont décrit la naissance de centaines de toiles dont il n'est plus responsable au fil du temps qui passe.
Textes, entretien de Claude Rutault et Dominique Perrault par Bernard Blistène et Xavier Douroux.
 
paru en 2000
édition française
24 x 15,5 cm (broché)
32 pages, 17 ill. coul.
 
8.00 5.00
(offre spéciale)
 
ISBN : 978-2-84426-003-1
EAN : 9782844260031
 
en stock


 haut de page