les presses du réel

The Drawer n° 13 – Amour

extrait
All you need
Barbara Soyer & Sophie Toulouse
(p. 5)

Beaucoup de corps, pas mal de cœur et d'esprit dans ce treizième volume de The Drawer sous-titré Amour. Ça s'agite et ça cogite dans tous les sens. Ça mélange tout. Sujet oblige. L'amour, la grande affaire de la vie et celle de l'art aussi. Il fallait bien à un moment qu'on s'y arrête et qu'on laisse parler les sentiments.
L'amour avec un grand V s'entend. Comme variété des possibles, des supports, des figures et des époques, de Picabia à Louise Sartor, d'Etel Adnan à Jan Melka, en couverture de ce numéro. L'amour charnel, spirituel, l'amour de l'autre, de soi, de la nature… Pour tous, le plaisir à faire et à représenter.
L'amour avec un grand E aussi, comme Éros. Les représentations pop et crues de l'artiste pionnière américaine Dorothy Iannone voisinent ici avec des dessins sur le vif inspirés de tumblr gays du cinéaste Sébastien Lifshitz. Les aquarelles érotiques couleur pastel de Thomas Huber précèdent les illustrations rose bonbon de Roxane Lumeret. Laure Prouvost fait, elle, parler les seins et les fesses pour mieux nous distraire du reste.
Les fluides circulent, logiquement. Il y a les Vases communicants et pompe aux restes de la jeune artiste Io Burgard et les flux en tous genres d'Ashley Hans Scheirl, à qui nous consacrons un portfolio dans ce volume. L'ancienne cinéaste, devenue Hans entre-temps, était invitée à la dernière Documenta d'Athènes et de Kassel. À la fois politiques et personnels, ses dessins et ses peintures relient énergie libidinale et pouvoir, domination économique et sexuelle, corps de l'artiste et corps social, dans une lecture critique et queer du monde contemporain. Et puis il y a l'attente, la langueur. La ferveur d'Un soir d'amour, une drôle d'histoire de whisky, de demoiselle et de queue d'asperge, signée du chef Yves Camdeborde.
Des mots et des bouches. Quelques baisers. Tout ce qui fait l'amour ou l'image qu'on s'en fait.
On croise quelques prénoms forcément : Wilma, Eliot, Nora, Milo. Et Germaine (Everling), la compagne de Francis Picabia de 1919 à 1932, dont le visage clôt le cahier spécial consacré à l'artiste et à ses portraits dessinés troublants de beauté. Une quinzaine de chefs-d'œuvre modernes, résolument féminins-masculins.
Il y a des fleurs enfin. Des cactées dans l'atelier, une rose échouée et une sélection des plantes et des bouquets que François Olislaeger dessine chaque jour depuis bientôt deux ans en pensant à Lila, sa petite fille. Une fleur par jour. All we need.
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